DARK RIVER
Après la mort de son père et quinze ans d’absence, Alice revient dans son Yorkshire natal réclamer la ferme familiale qui lui était promise. Mais son frère Joe, usé par les années à s’occuper de l’exploitation et de leur père malade, estime que la propriété lui revient. Malgré les trahisons et les blessures du passé, Alice va tenter de reconstruire leur relation et sauver la ferme.
Terre promise.
Second film de Clio Barnard après Le Géant égoïste, sorti en 2013, Dark River commence bien. Très bien, même. Peut-être même trop bien.
Après une introduction présentant le personnage principal (Ruth Wilson) au cœur de la campagne anglaise, obligé de tondre des moutons pour gagner difficilement sa croûte, arrive ce qui constitue probablement le sommet du film : sur fond de paysages du Yorkshire, retentit une chanson folk traditionnelle, « An Acre of Land », réarrangée par le compositeur de la musique du film et interprétée par rien de moins que PJ Harvey. Pendant ces trois minutes absolument sublimes, le film est comme suspendu dans le temps et l’espace, et l’on espère secrètement que ce qui va suivre sera du même niveau émotionnel.
Malheureusement, la suite du film ne sera que rarement à la hauteur de ces trois premières minutes. L’émotion qui jaillit de ce morceau ne se retrouve que trop peu dans cette histoire de lourd héritage familial et de chamailleries entre frère et sœur pour une question d’héritage. Le genre de schéma conflictuel que le cinéma a déjà traité des dizaines de fois, et que la réalisatrice ne parvient que rarement à élever au-dessus du déjà-vu.
Pourtant pointent ça et là quelques éléments vraiment réussis : de mystérieuses apparitions de Sean Bean, une gestion habile de flashbacks venant semer le trouble dans le récit et une très belle photographie signée du chef opérateur du magnifique Jane Eyre de Cary Fukanaga (auquel l’atmosphère brumeuse de Dark River peut parfois faire penser). Mais malgré tous les efforts des comédiens – excellente Ruth Wilson, ainsi que Mark Stanley dont le charisme s’avère à certains moments carrément effrayant – et un virage dramatique assez attendu dans le dernier tiers, le film a bien du mal à décoller, peinant à donner corps aux affrontements.
Mais si l’on aime les accents anglais bien prononcés, les jolis paysages humides du Nord de l’Angleterre et les conflits familiaux, il y a tout de même de quoi se rincer les yeux et prendre une sorte de plaisir légèrement déviant.
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