DEUX SŒURS
Pansy est rongée par la douleur physique et mentale et son rapport au monde ne passe que la par colère et la confrontation. Son mari Curtley ne sait plus comment la gérer, tandis que son fils Moses vit dans son propre monde. Seule sa sœur, Chantal, la comprend et peut l’aider.
Critique du film
Maître du cinéma britannique acclamé notamment pour Secrets and Lies (1996), Vera Drake (2004) et Be Happy (2008), Mike Leigh a toujours mis en lumière les complexités des relations humaines, qu’il s’agisse de famille, de classe sociale ou de lutte intérieure. Son style de direction, intimiste et centré sur les interactions entre ses personnages, permet à ses acteurs de s’exprimer pleinement et d’offrir des performances authentiques et poignantes.
Dans Deux sœurs (Hard truths), premier film à sortir en salle depuis 10 ans et son Mr Turner, Leigh poursuit cette exploration des émotions humaines complexes avec une narration centrée sur la dynamique fragile entre deux sœurs, Pansy et sa cadette Chantal. La première est incarnée par Marianne Jean-Baptiste, comédienne britannique qu’il a brillamment révélée au grand public dans Secrets and Lies, qui campe une mère au foyer profondément marquée par la souffrance et l’isolement.
Enfermée dans une spirale de colère, de frustration et de négativité, Pansy semble perdue entre des attentes familiales et ses propres démons intérieurs, refoulant le deuil de sa défunte mère derrière une carapace de rancoeur et des symptômes physiques et psychologiques qui handicapent son quotidien et empoisonnent celui de son entourage. Mariée à un époux évitant et mère d’un garçon de 22 ans taiseux et solitaire, elle affiche une insatisfaction profonde et un sentiment de déconnexion de sa propre vie. L’agressivité de ses réactions et l’âpreté de son caractère en font une personne difficile à aimer et à comprendre, mais son parcours est également celui d’une rédemption, lentement façonnée par la patience et la bienveillance de sa sœur, Chantal.
Cette dernière, solaire et empathique, va devenir le pilier de son équilibre précaire. Tout en endurant la colère et les accès de son aînée, elle fait preuve d’une patience inébranlable, offrant un soutien discret mais constant qui permet à sa sœur de se libérer peu à peu de son fardeau émotionnel. Ce rapport à la famille, entre tensions et réconciliations, est le cœur du film et révèle la complexité des liens qui unissent les membres d’une même famille et la nécessité de laisser s’exprimer les traumatismes.
À travers une mise en scène sobre et une photographie léchée, Mike Leigh raconte l’évolution de ce personnage, en montrant combien il est difficile de sortir d’un état de souffrance, mais aussi combien l’amour familial, dans sa forme la plus pure et la plus inconditionnelle, peut être une force réparatrice. Deux sœurs parle de reconquête de soi, de blessures familiales et de résilience avec une humanité profonde. À travers la lente transformation de ses personnages et de sa protagoniste principale, ce drame poignant rappelle que la reconstruction est possible, mais qu’elle exige du temps, de la patience et, surtout, le soutien des autres pour commencer à panser les blessures de la vie.
Bande-annonce
2 avril 2025 – De Mike Leigh