DIAMANTINO
La ficheRéalisé par Gabriel Abrantes & Daniel Schmidt – Avec Carloto Cotta…
Portugal – Comédie – Sortie : 28 novembre 2018 – Durée : 92 min
Synopsis : Diamantino, icône absolue du football, est capable à lui seul de déjouer les défenses les plus redoutables. Alors qu’il joue le match le plus important de sa vie, son génie n’opère plus. Sa carrière est stoppée net, et la star déchue cherche un sens à sa vie. Commence alors une folle odyssée, où se confronteront néo-fascisme, crise des migrants, trafics génétiques délirants et quête effrénée de la perfection.
La critique du film
Coupe du monde 2018, Diamantino, ou Cristiano c’est selon, est sur le point de faire remporter la victoire au Portugal : il s’enfonce sur le terrain, tête baissée, prêt à marquer quand soudain les joueurs se transforment en chiots poilus géants, entourés d’une brume rose bonbon. Dès ses premiers instants, le film de Daniel Schmidt et Gabriel Abrantes crée la surprise et bascule dans un monde loufoque assumé jusqu’au bout.
À la fois conte initiatique et satire sociale féroce, Diamantino apporte un ton volontairement léger à des thèmes sociaux pourtant très sombres. C’est d’abord une critique de la masculinité toxique, mise à mal à travers un personnage naïf au grand cœur terriblement attachant, sorte de Candide qui découvre la cruauté du monde : de ses deux affreuses sœurs sorties tout droit d’un Cendrillon moderne au monde entier qui se moque de ses larmes, le joueur portugais affronte à ses dépens les dérives de la célébrité. On peut être un joueur de foot baraqué sans pour autant céder à l’injonction de la virilité.
Dans un décor kitchissime, ancré plus que jamais dans une esthétique contemporaine où les memes et le mauvais goût volontaire dominent internet, le film brasse une quantité de phénomènes politiques et sociaux actuels : crise des migrants, montée de l’extrême droite, Panama Papers ou encore l’hypersurveillance policière. Résolument queer, Diamantino est aussi un plaidoyer sur l’acceptation de soi, et atteint parfois des moments de grâce, résolument touchants par leur humilité. Comédie invraisemblable et inventive, Diamantino fait avant tout rire dans son grand cirque féerique et laisse avec un sourire béat devant un film dont l’existence même est miraculeuse.