DON’T WORRY, HE WON’T GET FAR ON FOOT
Même après avoir failli mourir dans un accident de la route lors d’une nuit de beuverie avec son ami Dexter, John Callahan n’a pas la moindre intention d’arrêter de boire. Il finit pourtant par suivre une cure de désintoxication, soutenu par sa compagne et un mentor charismatique, et se découvre alors un don inattendu… Il crée des dessins à l’humour noir, satirique et insolent, qui lui vaudront un succès international dès leur publication dans la presse. En dessinant, Callahan découvre une nouvelle manière de voir la vie…
Mommy issues.
Après un passage par Sundance puis Berlin, Gus Van Sant faisait escale à Paris pour présenter son nouveau long-métrage, Don’t worry, he won’t get far on foot, un biopic indie sur le caricaturiste John Callahan. Après ses élans expérimentaux (de Elephant à Paranoïd Park) majoritairement soporifiques, Van Sant était revenu à son meilleur pour dresser le portrait du militant LGBT Harvey Milk. Une belle réussite qui remonte tout de même à dix ans. Car, par la suite, ses différents essais ont été plutôt anecdotiques (Promised land, Restless) pour ne pas dire catastrophique si l’on évoque le gênant Nos souvenirs.
Son tout dernier, Don’t worry, semble malheureusement confirmer le déclin d’un cinéaste en manque d’inspiration. De la jeunesse festive au succès, en passant par la tragédie de son accident de la route et son combat contre l’alcool, le film retrace les différentes étapes de la vie de cet artiste tourmenté, en butinant sur chaque période de façon très désorganisée. Le spectateur, pendant ce temps, subit de (trop) longues séquences où Phoenix se contente de geindre sur son terrible sort – ou sur sa maman – tout en sueur et chevelure orangée. Bien sûr, ce parcours (véridique) a façonné l’artiste qu’est devenu Callahan, mais Don’t worry donne la plombante impression d’errer, sans but, comme si Van Sant n’avait au final pas grand chose (de neuf) à raconter.
Sa mise en scène, absolument quelconque, et sa photographie terne et hasardeuse n’arrangent rien alors que Joaquin Phoenix est livré à lui-même, baladé d’une réunion des Alcooliques Anonymes à une autre. Ses partenaires, à l’exception éventuelle de Jonah Hill, paraissent terriblement sous-exploités, Rooney Mara étant même cantonnée à des apparitions évanescentes. Quel gâchis que de caster une telle comédienne pour la réduire à cela !
On s’interroge alors sur la démarche de Gus Van Sant et son approche sans panache : pourquoi s’être contenté d’un biopic aussi impersonnel pour évoquer un artiste qui a su affirmer sa marginalité et sa liberté de ton ? Pour un réalisateur qui « expérimente », Don’t worry, he won’t get far on foot ressemble à un essai particulièrement paresseux et insignifiant.
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