DOWNTON ABBEY II : UNE NOUVELLE ÈRE
La famille Crawley s’apprête à célébrer deux mariages à Downton Abbey dont celui de Tom Branson et sa fiancée Lucy, mais un réalisateur hollywoodien veut transformer la demeure en plateau de cinéma. Au même moment, ils apprennent que Lady Violet vient d’hériter d’une villa située dans le sud de la France. Elle enjoint alors les membres de sa famille à se rendre sur la Côte d’Azur en quête de son mystérieux passé.
Critique du film
Le retour de la famille Crawley sur grand écran pour un deuxième volet permet-il de rattraper les pots cassés du premier opus ?
Qu’il semble désormais éloigné le temps délicieux et presque nostalgique de Downton Abbey sur petit écran (diffusée de 2010 à 2015 sur la BBC)… Si l’idée d’un premier film avait titillé et même enthousiasmé tout un chacun, force fut de constater que notre attente fut bien en deçà de ce que la série nous avait habitué à voir. Le deuxième volet prend le parti de s’illustrer dans une modernité qui vient pleinement s’immerger dans l’univers « Downtonesque » au travers notamment d’un tournage de cinéma qui prend vie dans la demeure de la famille Crawley.
La série en long métrage qui perd en vigueur et force
Deux fils narratifs nous tiennent en haleine dans cette suite : celle du tournage de cinéma à Downton ainsi qu’une villa léguée à lady Violet dans le sud de la France et qui permet à Nathalie Baye de franchir les portes de l’univers Downton. Si la première intrigue permet de rendre un hommage (presque trop) appuyé, de l’ordre du déjà vu mais touchant aux films traitant du passage du muet au parlant soit Chantons sous la pluie, ou encore The Artist, la deuxième semble se prendre les pieds dans le tapis.
La volonté de raconter en survol la jeunesse de Lady Violet pouvait sembler alléchante mais au moins aurait-il fallu que le scénario aille au bout de ses convictions et de son engagement auprès de son personnage. À ne pas vouloir faire bouger lady Violet de son lit (l’âge, 87 ans, de Maggie Smith y étant surement pour quelque chose), le scénario semble se raconter sans accompagner réellement ses personnages. Déconcertant mais véridique, le personnage de Nathalie Baye assez inintéressant et caricatural nous fait nous questionner sur l’intérêt même de ce protagoniste et de cette intrigue. Downton Abbey II lance plusieurs pistes et rebondissements plus qu’alléchants et même extrêmement stimulants mais sans jamais réellement oser franchir la ligne.
Très vite, les surprises s’éventent et s’évanouissent et ce pour notre plus grande frustration tant ces « séismes » annoncés auraient pu faire se rabattre les cartes de la série de films et la rendre alors bien plus stimulante. Bien que la première intrigue se dote d’une force ténue celle-ci n’est pas assez puissante pour faire se tenir le long-métrage dans la durée. La modernité, les références égrainés ça et là à Clark Gable avec le personnage de Guy Dexter incarné par Dominic West apporte cependant une consistance à laquelle le scénario de la série nous avait habitué. La mise-en-abime du cinéma propre aux années 1930 permet de rendre compte au public de son Histoire et de ses évolutions techniques sans tomber dans le cours d’Histoire poussiéreux. Le piment de ce nouveau long-métrage réside dans sa capacité à rendre compte d’une modernité antérieure mais qui parvient à rester reluisante et pimpante.
La série offrait aux spectateurs une galerie de personnages hétéroclites ayant leur particularité et leur intrigue propre. Cependant, là où le bats blesse pour le long-métrage (du premier comme du deuxième d’ailleurs) c’est que Simon Curtis et son équipe essayent tant bien que mal de satisfaire chaque personnage sans réellement les approfondir. À vouloir donner la part belle à chaque rôle, Downton Abbey II : une nouvelle ère, plane au dessus de ses protagonistes sans s’ancrer dans une intrigue propre à un ou plusieurs personnages. Downton Abbey II semble donc jongler maladroitement entre les aventures unissants un bon nombre de personnages et celles de l’ordre plus intimistes.
Un film qui retrouve tout de même ses racines dans la série mère (et ce pour notre grand plaisir)
Ce deuxième opus (et bien plus que le premier) redonne cependant à César ce qui lui est de droit. On y retrouve de nombreux ingrédients qui ont fait les grandes heures de la série comme les joutes verbales de lady Violet, Carson et son incapacité à s’adapter aux modernités de son époque, Lady Mary et son leadership. Downton Abbey II : Une nouvelle ère, permet donc aux fans inconsidérés du show télévisuel d’être de nouveau en territoire bien connu. On prend également un plaisir certain à redécouvrir les différentes trajectoires de vies empruntés par les protagonistes. Qui dit temps qui passe annonce également une modernité qui oblige les personnages à s’adapter à la vie mouvante dans laquelle ils se trouvent.
Downton Abbey II semble être un tournant dans l’univers de la série (de films) qui annonce comme un vent de fraicheur chez les Crawley. Reste maintenant à savoir ce qu’il va advenir de ces personnages, un troisième film prenant lieu à New York par exemple ? (Julian Fellowes ayant clairement témoigné de son envie de faire se rencontrer les personnages de la série Downton Abbey avec une autre de ses créations sérielle : The Gilded Age.). Si le long-métrage se révèle inégal, on ne boude pas notre plaisir à retrouver les divertissantes aventures de cette famille du début du XXème siècle.
Bande-annonce
27 avril 2022 – De Simon Curtis, avec Hugh Bonneville, Jim Carter et Elizabeth McGovern.