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DREAMING WALLS

Le Chelsea Hotel, temple de l’art et repère de la contre-culture à New York depuis plus d’un siècle, se transforme en hôtel de luxe. Coincés entre un passé mythique et un futur incertain, ses derniers résidents tentent de se réinventer, malgré le chaos du chantier.

Critique du film

L’hôtel Chelsea, à New York, constitue un lieu légendaire au passé extrêmement riche et don l’histoire est intimement liée à celle de l’art, de la contre-culture, du rock et du cinéma. Les réalisatrice et réalisateur Maya Duverdier et Joe Rohanne ont souhaité nous faire découvrir, à travers Dreaming walls, la métamorphose de cet établissement qui s’est opérée entre 2018 et 2022. La transformation dont il s’agissait était celle d’un immeuble autrefois réputé pour son hospitalité inouïe – des artistes en situation d’exil ou de difficulté y ont vécu sans rien débourser, parfois pendant des années – en un établissement de luxe. Dans ce documentaire, tourné sur deux années, il est aussi question de désacralisation d’un lieu historique et fantasmé.

Cet hôtel qui a vu passer, entre autres personnalités trop nombreuses pour être toutes citées, le poète Dylan Thomas, Patti Smith, Andy Warhol, Milos Forman, Dennis Hopper ou Janis Joplin, a donc connu des travaux de modernisation intensifs et certains locataires éprouvaient le sentiment d’être poussés vers la sortie. Très rapidement, la caméra de Maya Duverdier et de Joe Rohanne se focalise sur les résidents, avec beaucoup d‘empathie et d’humanité. On navigue alors entre le passé et le présent, images d’archives et témoignages plus récents. 

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Dreaming walls n’offre pas une narration linéaire. Rien n’est convenu dans la construction ou le montage, mais bien des instantanés émouvants, parfois percutants, des fulgurances. On croise des artistes vieillissants, mais toujours habités par une force de vie et de créer mais aussi des anonymes qui vivent ici depuis des années et dont on partage le quotidien ou les drames de la vie – certains passages sur le deuil, notamment, sont magnifiques. Beaucoup de très belles scènes parsèment de film, comme ce moment de danse improvisé entre un ouvrier et l’une des résidentes.

« Nous ne sommes pas des personnes, nous sommes des fantômes. C’est un peu comme dans un rêve ». Ainsi parle une chorégraphe qui rejoue une scène d’un spectacle monté dans l’hôtel des décennies plus tôt. Il est beaucoup question d’art vu comme un don, plutôt qu’une valeur marchande et de l’esprit bohème chère à une certaine époque. Mais d’autres thématiques apparaissent : l’amour, le temps qui passe, le vieillissement et le délabrement.  

Cette œuvre onirique, mystérieuse et poétique se veut dédiée « à tous ceux passés par le Chelsea et à leurs rêves ».  De ce très beau documentaire, émane un mélange de tristesse et de sérénité mêlées, qu’une réalisation réussie, tant techniquement qu’humainement vient magnifier.  

Bande-annonce

28 août 2024De Maya DuverdierJoe Rohanne