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EAT THE NIGHT

Pablo et sa sœur Apolline s’évadent de leur quotidien en jouant à Darknoon, un jeu vidéo qui les a vus grandir. Un jour, Pablo rencontre Night, qu’il initie à ses petits trafics, et s’éloigne d’Apolline. Alors que la fin du jeu s’annonce, les deux garçons provoquent la colère d’une bande rivale…

Critique du film 

Que se passe-t-il lorsqu’on prend conscience de la fragilité de nos repères ? L’enfance et l’adolescence de Pablo et de sa sœur Apolline ont été rythmées par leurs aventures dans Darknoon, un jeu vidéo en ligne. Lorsqu’ils apprennent que le serveur va fermer et que l’univers va disparaître, c’est une partie de leur monde qui s’écroule. Après une première mondiale à la Quinzaine des cinéastes en mai 2024, Eat the Night, le second long-métrage de Caroline Poggi et Jonathan Vinel est sélectionné en compétition du Champs-Elysées Film Festival. Le film aborde des trajectoires de vie profondément marquées par le virtuel et l’imaginaire, à l’instar d’I Saw The TV Glow de Jane Schoenbrun, également en compétition pour cette 13e édition du festival.  

De vastes paysages colorés, des avatars d’heroic fantasy, des combats épiques : l’univers de Darknoon n’a, à priori, rien à voir avec la vie de Pablo et Apolline. Délaissés par leurs parents, leur quotidien relève surtout de la survie. Pablo fabrique et vend sa propre drogue, tandis qu’Apolline se réfugie dans l’univers virtuel dès qu’elle le peut. Après des années de bons et loyaux services, la sentence tombe comme un couperet : la fin de Darknoon est prévue pour le solstice d’hiver. Un compte-à-rebours tend alors le fil du récit, lui donnant un parfum de fin du monde. Pour Apolline, c’est une véritable tragédie. Pablo, lui, investit le réel. Lorsqu’il rencontre Night et lui propose de faire équipe, c’est aussi le début d’une passion dévorante. Mais très vite, ils devront faire face à la colère d’une bande rivale. 

Dans Eat The Night, le réel et le virtuel s’imbriquent étroitement pour aborder des sujets comme la solitude, la fin de l’enfance, le temps qui passe, le lien. C’est l’histoire de la relation entre un frère et une sœur qui évolue, notamment avec l’arrivée d’un autre individu au sein de leur duo. Pablo, Apolline et Night sont indéniablement liés les uns aux autres, pourtant ils ne parviennent jamais à briser leur solitude. Piégés dans une réalité violente, les personnages se débattent pour continuer d’exister malgré le chaos ambiant. Dans ce récit tragique, l’amour apparaît comme le seul refuge possible, transcendant même les notions de réel et de virtuel. En plus de nous donner à voir un magnifique univers visuel spécialement créé pour le film, le jeu Darknoon apporte une véritable profondeur au récit. Aux séquences de jeu s’ajoutent des songes où Apolline est en symbiose avec son avatar et où l’on voit le lien entre elle et Night se tisser aussi bien dans le virtuel que dans le réel. 

Caroline Poggi et Jonathan Vinel nous offrent ainsi un second long-métrage intense et déchirant sur les angoisses d’une jeunesse face à un monde en déclin. 


Champs Elysées Film Festival 2024 – Compétition




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