ECLAIRAGE INTIME
Petr et Bambas sont d’anciens camarades de conservatoire. Soliste violoncelliste à Prague, Petr vient donner un concert dans la ville où Bambas, directeur d’une école de musique, l’a invité pour compléter l’orchestre local. Il accueille Petr et sa compagne chez lui, où il vit avec femme, enfants et… beaux-parents. Les retrouvailles sont cocasses…
Critique du film
Ivan Passer, décédé au début de l’année 2020, comptait parmi les représentants de la Nouvelle Vague tchécoslovaque, avec d’autres metteurs-en-scène comme Milos Forman, Jiri Menzel ou Vera Chytilova, entre autres. Connu pour avoir collaboré plusieurs fois à des scénarii d’œuvres de Milos Forman dans les années 1960 et pour certains de ses longs métrages, notamment le superbe thriller très noir, La Blessure (Cutter’s way) , Eclairage intime est son premier film.
Relativement court, puisqu’il ne dure que 71 minutes, Eclairage intime se caractérise par une liberté de ton, une fraîcheur réjouissante. On ne s’ennuie pas un seul instant devant ces scènes qui font l’éloge de la vie, à travers des joies simples. Le générique commence dans une salle de classe de musique. Sur le tableau, l’inscription « Bonnes vacances ». S’agit-il d’une invitation pour le spectateur ? Invitation à s’amuser et à oublier les affres du régime, du cinéma académique ? Et donc à oublier l’exigence d’une intrigue rigoureusement écrite au profit d’un cinéma où la spontanéité éclate à chaque instant.
Tendresse et mélancolie
Eclairage intime regorge de moments précieux, comme cet enterrement auquel le beau père de Bambas convie Peter, qui ne connaît ni le défunt, ni ses proches, sous prétexte que de la musique y sera jouée. Après les funérailles, une très belle scène de fête nous est offerte, avec des personnes âgées qui dansent au son de la musique de Bambas et de ses amis, tandis que la bière et la liqueur d’œuf coulent à flots. Passage empreint de mélancolie et de tendresse pour ces hommes qui apparaissent souvent comme de grands enfants.
Ces personnages se chamaillent gentiment pour des questions d’interprétation – la musique est omniprésente – pour la présence d’une poule dans un garage ou pour une cuisse de poulet convoitée par plusieurs personnes, dont le beau père de Bambas, qui malgré son âge se comporte souvent comme un enfant.
Réalisé avec toujours beaucoup de finesse et d’humour, Eclairage intime est l’un des plus beaux fleurons de ce qu’on a appelé le Miracle tchèque.