EN AVANT
Dans la banlieue d’un univers imaginaire, deux frères elfes se lancent dans une quête extraordinaire pour découvrir s’il reste encore un peu de magie dans le monde.
Critique du film
Des elfes, des centaures, des satyres, des cyclopes, des licornes, des gnomes, des lutins… et la terrifiante Manticore. Tels sont les créatures fantastiques qui peuplent le monde d’En Avant, le 22e film d’animation des studios Pixar réalisé par Dan Scanlon. Après avoir embarqué les spectateurs dans l’espace, dans le monde marin ou au pays des jouets, en se jouant de la temporalité, les artistes de la firme à la lampe mêlent le fantastique et le familier pour cette nouvelle création originale, à l’amorce d’un nouveau cycle où les sequels devraient (heureusement) se faire moins fréquent. Une première pour Pixar qui se lance en terre inconnue à travers l’heroic fantasy. Vent frais s’il en est, En Avant emmène aux côtés de Ian et Barley Lightfoot, deux frères Elfes prêts à tout pour retrouver leur défunt père.
Porté par Dan Scanlon à qui l’on doit notamment Monstres Academy, le nouveau long métrage de la petite lampe continue d’explorer les valeurs fraternelles, le deuil et la filiation. Malheureusement, force est de constater que le nouveau rythme imposé au studio par sa maison mère aux grandes oreilles ne semble pas lui réussir.
Loin du sans faute d’une époque à présent révolue, En Avant se montre fade. Qu’on ne s’y trompe pas, il coche toutes les cases d’un bon film d’animation mainstream qui saura ravir les enfants. Cependant où se trouvent les multiples niveaux de lecture qui font de Toy Story ou Là-Haut des chefs-d’œuvre ? Où est passé l’épique d’un voyage initiatique comme Le Monde de Nemo? Deux heures de spectacle correctement ficelées ne suffisent pas à emporter l’engouement d’un spectateur en droit d’en attendre davantage de Pixar. D’autant que le long-métrage semble souffrir d’un rythme mal géré avec quelques baisses en milieu de récit et une fin qui laisse un petit goût expéditif.
On ressort avec la drôle d’impression d’avoir vu un blockbuster animé générique où les péripéties s’enchaînent sans vraiment prendre le temps de faire naître l’émotion. Pourtant, depuis plus de 20 ans, c’est bien dans ces petits moments de grâce que le studio s’était spécialisé. Au gré d’une ballade à la guitare pour célébrer le deuil, d’un au revoir de cowboy ou d’un souvenir douloureux, la petite lampe a souvent su tenir l’adulte par la main pour mieux parler à l’enfant qui est en lui. En Avant fera attendre longtemps ce moment qui ne viendra pas.
Finalement, comme une fatalité qu’il est triste d’énoncer, c’est dans son long-métrage où la magie est la plus omniprésente que Pixar en manque le plus. En attendant la prochaine larme ?
Bande-annonce
4 mars 2020 – De Dan Scanlon, avec les voix de Thomas Solivérès, Pio Marmai