EN LIBERTÉ
Yvonne jeune inspectrice de police, découvre que son mari, le capitaine Santi, héros local tombé au combat, n’était pas le flic courageux et intègre qu’elle croyait mais un véritable ripou. Déterminée à réparer les torts commis par ce dernier, elle va croiser le chemin d’Antoine, injustement incarcéré par Santi pendant huit longues années. Une rencontre inattendue et folle qui va dynamiter leurs vies à tous les deux.
On regrette, régulièrement dans ces colonnes, l’amoncellement des comédies françaises aseptisées et paresseuses, produites à la chaîne sur un postulat microscopique inspiré des sujets identitaires et sociétaux les plus fâcheux de notre époque. Alors, quand on enchaîne plusieurs bonnes comédies façonnées dans l’hexagone, on se prend à rêver d’un renouveau du genre. Cet automne devrait vraisemblablement confirmer la belle vitalité de la comédie française cette année. Il y a eu l’absurdement savoureux Au poste de Dupieux, il y a actuellement le dynamique Première année de Lilti, il y aura le bienfaiteur Mauvaises herbes de Kheiron, le légèrement punk I feel good de Kervern et Delépine, l’attachant Le grand bain de Lellouche, le ludique Le jeu de Cavayé, et donc le nouveau film de Pierre Salvadori, En liberté, présenté au printemps dernier lors de la Quinzaine des Réalisateurs.
Dès son introduction, il est manifeste que Salvadori a eu envie de faire plaisir au spectateur avec une comédie enlevée, qui mêle la drôlerie à l’action, au burlesque et à une part de romantisme. Dans une fusion des genres un peu osée, En liberté raconte le destin de quatre losers magnifiques, incarnés formidablement par le quatuor formé d’Adèle Haenel, Pio Marmaï, Audrey Tautou et Damien Bonnard. Si l’on ne doutait plus du talent comique de Pio Marmaï, on espérait en revanche retrouver Adèle Haenel dans ce registre auquel elle ne s’était frottée que pour Les combattants – avec à la clé un César, rien que ça. L’actrice déjà doublement couronnée est à nouveau très à l’aise dans un rôle à multiples facettes. Mais c’est véritablement Audrey Tautou qui illumine le film, apportant la chaleur et l’émotion à chacune de ses apparitions. Comment résister à une telle grâce à l’écran ? Elle vole telle une fée tirant, avec elle, le film vers le haut, avec à la clé la majorité des plus belles scènes du film.
Mais si En liberté vaudra vraiment le coup d’oeil en salle (fin octobre), c’est parce que cette comédie délicieusement farfelue ne sacrifie ni sa subtilité ni sa douceur sur l’autel du rire. Il est question d’inversion des rapports entre victime et bourreau, de rapport au souvenir et à la fiction, de culpabilité et de rédemption. Cet équilibre des tons et des thèmes fait mouche autour d’un casting s’en donnant à cœur joie. Une très agréable surprise.
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