[critique en séries] DEXTER
SHOWTIME – JAMES MANOS JR. | USA | 12x50MIN | 2006-2012 | MICHAEL C. HALL, JENNIFER CARPENTER |
Brillant expert scientifique du service médico-légal de la police de Miami, Dexter Morgan est spécialisé dans l’analyse de prélèvements sanguins. Mais voilà, Dexter cache un terrible secret : il est également tueur en série. Un serial killer pas comme les autres, avec sa propre vision de la justice.
Arrivée au beau milieu des années 2000, la série Dexter, petit bébé de la chaine américaine Showtime, a provoqué un raz-de-marée infernal, confirmant le talent de Michael C. Hall, déjà exploité dans Six Feet Under, et en montrant qu’on peut allier sang et humour sans faire du Grindhouse ou du trash-comique. L’idée de la série est des plus simples (elle est adaptée d’un roman policier de Jeff Lindsay) : nous suivons les péripéties d’un tueur en série en apparences cinglé, mais qui, lorsque l’on se plonge dans sa vie intime, s’avère être une personne sérieuse, capable (plus ou moins) d’éprouver des sentiments. Ce tueur a besoin de tuer pour vivre. Il n’assassine que les »méchants » et se sort de situations complètement dingues. Le générique de début, magnifique, contenant beaucoup d’allusions au sang, montre que la routine du tueur en série se joint à la notre, avec le rasage, le petit dej’ et tout ce qu’on fait habituellement le matin. Le tueur n’est donc qu’une personne normale, avec, en plus, un besoin vital de tuer.
Pour ce qui est de la série en elle-même, elle est tout simplement parfaite : l’alliance des couleurs, une réalisation nerveuse (surtout dans la saison 1, et qui se fluidifie au fil des années), des acteurs possédés par leurs rôles, une musique thématique assez déstabilisante, un scénario inventif d’épisodes en épisodes, une intrigue qui ne s’essouffle jamais. Vous cherchiez la perfection : on l’a trouvé dans Dexter, tant tous les éléments se rassemblement harmonieusement pour nous régaler. Après, libre à chacun de nous d’accrocher ou pas. Certains épisodes ne sont peut-être pas tous excellents, notamment certains des saisons 2, 3 ou 5, et parfois, on peut trouver le comportement de ce cher Dexter un peu étrange, irrespectueux de ce qu’il était dans la saison 1, première saison qui nous rend nostalgique dès le début de la saison 2. Il est possible de décrocher, mais les cas se fonts rares. Dexter agit comme une drogue dure, si bien que ça devient presque vital d’avoir sa dose chaque semaine. Le suspense, les meurtres, de l’humour noir, et une étude très approfondie des personnages, en font une série complète, qui ne laisse rien au hasard, et frappe par son originalité.
Ce phénomène, armé de 6 saisons de 12 épisodes de 52 minutes chacun (des saisons 7 et 8 sont prévues), se doit d’être développé, analysé en six parties. Il sera demandé à ceux qui n’ont pas vu la série de ne pas lire les textes qui suivent, car la série est essentiellement basée sur un suspense insoutenable, qui nourrit la série à chaque épisode. Connaître certaines clés de l’intrigue serait gâcher le plaisir que pourriez avoir en regardant des épisodes de Dexter.
Saison 1 : « Tonight’s the night… »
Il est absolument impossible de décrire ce qui se passe dans ces 12 premiers épisodes, tant l’entrée en matière est parfaite. Au bout de dix minutes, on est déjà rentré dans l’histoire, les noms des personnages sont rapidement dans nos têtes, et Dexter nous fascine. Une réalisation fiévreuse, transpirante (l’histoire se déroule à Miami, et l’intrigue de la première saison tombe en pleine canicule), la présence inoubliable d’un rouge-sang et d’un noir profond qui s’assemblent et nous percutent, et cette intrigue du Ice Truck Killer, devenue un vrai symbole aujourd’hui, nous rappellent que malgré de futurs exploits, la première saison de Dexter est de loin la plus enivrante, et que notre cœur se rappel encore de la conclusion finale, véritable coup de tonnerre qui ne finira jamais de pétrifier.
Saison 2 : « Jesus Christ Morgan ! You are the Bay Harbor Butcher ! »
Après l’électrochoc de la saison précédente, il fallait se détacher du livre de Lindsay, montrer que Dexter est un personnage de télé, et non de livre. La saison 2 est peut-être la plus dense niveau évènements (il s’y passe beaucoup de choses), mais trop de twist tue le twist, ce qui fait de la saison 2 la moins bonne de toute la série. Seulement, le personnage de Dexter devient plus proche de nous, notamment lorsque des plongeurs retrouvent les cadavres issus de ses propres meurtres dans les fond de la baie de Miami. Il se remet en question, et montre des faiblesses. L’arrivée du personnage de Lila marque un tournant dans la série : Dexter manipule la police, mais devient vulnérable face à une fille qui a usé de ses charmes pour mieux le contrôler. Et même si tout redevient normal à la fin de la saison, on sent que notre tueur perd de l’altitude. Son attitude naïve durant les 12 épisodes de cette saison en sont la preuve.
Saison 3 : « I killed my brother. I killed yours, too. »
La naïveté de Dexter a laissé des traces, si bien qu’il se retrouve d’entrée à assassiner une personne qu’il n’avait pas prévu de tuer. Dexter a retrouvé sa vie de famille avec Rita et s’est même trouvé un ami. Mais peut-il faire confiance à tout le monde ? Ce jeune loup solitaire (de nombreux flashbacks sont là pour en témoigner) peut-il se munir d’amis, et même, partager son secret avec quelqu’un en toute confiance ? La saison 3 pose les bonnes question, et apporte des réponses convaincantes. Les douze épisodes ne se valent pas tous, mais la conclusion est glaçante. Dexter ne peut donc pas partager son secret. Miguel Prado fût donc le troisième à connaître la nature de tueur de Dexter, et fût, comme les deux autres, emballé dans du plastique, tué à l’arme blanche, et jeté en petits morceaux dans la mer. Cruelle vérité d’un serial-killer en apparences seul, qui finira par se marier et être papa.
Saison 4 : « Born in blood… both of us. »
La saison 4 est celle du changement. Dexter doit faire face à un tueur plus fort que lui. Déterminé à être un meilleur père de famille tout en continuant ses activités meurtrières, il prend des risques considérables, qui courront à sa perte, lors d’un ultime épisode qui hantera toute une génération pendant des années. Le changement se fait dans la réalisation, devenue très conventionnelle : la routine s’installe, Dexter tue moins (le premier épisode, où Dexter n’arrive pas à tuer sa nouvelle cible, à cause de son fils qui ne dort pas, nous le montre). L’arrivée du Trinity Killer vient nous réveiller, plongeant la saison dans un joyeux bordel qui jouera avec nos nerfs jusqu’à la dernière seconde. Parfaitement maitrisée, la saison choisit de nous montrer le tueur dès le premier épisode, à l’inverse d’une saison 1 où le visage du serial-killer n’était dévoilé qu’en fin de saison.
Saison 5 : « I’m someone different (…) I’m not a monster »
Dexter sauve la vie d’une personne qui a manqué de se faire tuer, et sa vie bascule. Dexter doit survivre au choc qu’il vient de se prendre en pleine gueule (cf : fin de la saison 4), et s’en sort royalement bien, malgré quelques instants de faiblesses (certains innocents seront tués lors de cette cinquième saison). Cette saison se voit monter jusqu’au sommet lors du meilleur épisode de toute la série, celui où il se sort miraculeusement d’une chasse à l’homme, tout en tuant sa proie en prononçant le mythique « Die die ! ». La saison est tout de même hétérogène, et est la moins étonnante (un final un peu raté), mais Dexter change, et nous le suivons avec joie.
Saison 6 : « I’m a father, a son, and a serial killer »
Dans une saison 6 basée quasi-totalement sur Dieu, Dexter s’écrie « Oh God ! » lors d’un final inattendu. Dexter est de moins en moins prudent, tue à la fourche et au harpon sans préméditations, va coucher avec une gérante de station-service pour lui voler son flingue, se fait »pomper l’instrument » par une ancienne camarade de lycée. L’enfant méticuleux et sage s’émancipe, profite de la vie. Il s’interroge sur ses croyances. Dexter devient un véritable adulte irresponsable. L’absence de présence féminine dans sa vie lui empêche véritablement de se contrôler. Laguerta est de plus en plus insupportable, Deb devient presque le personnage principal et Batista et Quinn sont relégués au second plan. Mais dans une saison riche en rebondissements et émotions, le final vient en rajouter une couche, si bien qu’exprimer l’envie que l’on a de voir la saison 7 est rigoureusement impossible.
Critique en série(s) proposée par Copa738
Sondage : quelle est votre saison préférée ?
Pour ma part, je pense que la série a atteint son apogée à la fin de la saison 4. Mais avec le départ de son showrunner, on a senti que la qualité de la série en a énormément pâti et les deux dernières saisons ont été à mes yeux plutôt faibles, malgré une légère amélioration lors des premiers épisodes de la saison 6. La série est beaucoup moins subtile, le personnage a des actes et un comportement de plus en plus incohérent (à l’image de l’épisode 6×07, totalement saugrenu).
On se pose souvent la question de la durée pour les séries. Dexter n’y échappe pas, si bien que l’on aurait espérer qu’elle s’arrête à la fin – géniale – de la saison 4, qui avait d’ailleurs le mérite de refermer la boucle remarquablement.
Je suis d’accord avec toi sur l’ensemble et je pense que la saison 7 va être assez risquée étant donné le final de la 6. RDV pris le 1 octobre (je crois).
Excellent article pour une toute aussi excellente série ! Pour ma part je crois que ma saison préférée reste la saison 4, comme pour toi, un pic dantesque au sein de l’ensemble, pour son bad-guy énorme (merci à John Lithgow), ses grands moments de tension, la psychologie de Dexter qui n’a jamais été aussi complexe, puis son terrible final.
Même si j’ai beaucoup apprécié la saison 4, ma préférée reste la 1, qui est et restera la saison d’un autre monde : je l’ai revu il n’y a pas longtemps, et rien que de penser à la moindre scène me donne des frissons.
Pour moi, la série fonction à une vitesse différente par saison :
La saison 1 démarre à fond, et ne ralenti pas, on est clairement sur l’autoroute, sans radars ni autres véhicules, la voie est dégagée.
Dans la saison 2, on essaie d’en remettre une couche mais ça ne fonctionne pas, le traffic s’intensifie et Dexter se fait flasher à 100 km/h au-dessus.
Dans la saison 3, on a quitté l’autoroute depuis quelques temps, mais on remonte petit à petit dans la vitesse, même si ça décélère de temps en temps.
La saison 4, c’est la renaissance : un petit tour rapide au péage, et on retrouve la vitesse folle mais modérée de la saison 1 !
La saison 5, c’est comme si on roulait à 200 sur la nationale et qu’on voit un panneau signalant un radar : un coup de frein terrible !
La saison 6 est pour moi la plus risquée, la moins réelle, considérée comme celle de trop : moi je la prend comme une portion à 110 intermédiaire 😉
Comment ? Oui je passe mon code dans pas longtemps ! Comment vous avez deviné ? 😛
Oui John Lithgow est tout bonnement excellent dans cette saison 4. Il fait froid dans le dos. J’aurais vraiment préféré que la série s’arrête sur ce face-à-face et cette superbe saison 4. Il faut s’arrêter tirer sa révérence quand on est encore au top.
Tu as assumé à fond la métaphore. 🙂
C’est clair, la dernière saison a été franchement faiblarde, accumulant les poussifs (le petit twist concernant le tueur de cette saison, j’avais deviné très tôt perso, ou encore la romance ambiguë de Debra envers tu sais qui). J’espère sincèrement que la nouvelle saison remontera le niveau – mais vu le final de cette saison 6, ça peut changer les choses. Définitivement.
Pareil, j’avais deviné ce twist à des kilomètres tu le vois venir. C’est triste mais finalement la série tombe dans de gros clichés ou amène des éléments nouveaux de façon irréfléchie et incohérente. On est loin du nouveau des premières saisons. Je ne suis pas optimiste pour la saison 7.
C’est toujours un plaisir de retrouver Dexter et son univers. Mais tout n’est pas parfait. Dexter a très souvent une longueur d’avance sur tout le monde (y compris sur ses collègues), mais c’est parfois tiré par les cheveux. De même, la façon dont il se sort de certaines situations est un peu trop facile. Ceci étant, vivement la saison 7 !
[…] cynique. Il se paye même le luxe de réunir dans le même film la plus mauvaise actrice de Dexter (Jennifer Carpenter) et le plus mauvais acteur du récent Hunger Games (Wes […]
Je te rejoins sur le couplet « addictif », la série est happante et les scénaristes extrêmement inventifs sans pour autant qu’il n’y ait jamais d’effets grossiers, de deux ex machina. Perfection j’en doute, mais c’est formellement brillant ; je trouve que les personnages soient manquent de saveur, soient sont désagréables, pourtant j’ai absorbées les 4res saisons en un temps record (peut-être deux-trois semaines, voir moins) -c’était il y a quelques mois-, pour les qualités techniques et narratives justement. Cela dit, Dexter-héros gagne en profondeur au fil des saisons.