ET PLUS SI AFFINITÉS
Usé par vingt-cinq ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie semble à bout de souffle. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’idée de Sophie d’inviter à dîner leurs voisins, Adèle et Alban, n’enchante pas Xavier. Il reproche à ce couple, visiblement très amoureux, son manque de discrétion, surtout la nuit !
Critique du film
Et plus si affinités est le remake d’un film espagnol, Sentimental, sorti en 2020. Les deux réalisateurs de cette version française, Olivier Ducray et Wilfried Méance, avaient déjà co-réalisé une comédie, Jumeaux mais pas trop, et ont commencé leurs carrières respectivement avec des documentaires pour le premier – sur un médecin proche de la retraite ou une aide-soignante – et des courts-métrages pour le second.
Dans Et plus si affinités, le couple joué par Isabelle Carré et Bernard Campan connaît un certain passage à vide, peut-être tout simplement causé par l’usure du temps. Confrontés à l’expression assez bruyante des ébats d’un jeune couple arrivé depuis peu dans l’immeuble, les deux époux adoptent une attitude diamétralement opposée. Si Xavier, professeur de piano, a envie d’opposer une franche hostilité à ce qu’il considère comme du sans-gêne et un manque de pudeur évident, Sophie, pour sa part, se montre moins choquée et peut-être même curieuse d’en savoir plus. Sophie invite donc ce fameux jeune couple, Adèle et Alban, qu’interprètent Julia Faure et Pablo Pauly. Au grand dam de Xavier, dont la colère et l’opposition ne tardent pas à se manifester, expression d’un rejet ou d’une aigreur.
Cette comédie, qui a remporté 4 prix au Festival de L’Alpe D’Huez, déroule en une heure quinze, sans temps morts, ni remplissage superfétatoire, une histoire drôle et parfois assez touchante qui repose essentiellement sur le talent des comédiens. Le personnage de Xavier, stressé, sur la défensive en permanence, amuse mais émeut également quand il prend conscience de l’enlisement que connaît son couple et du danger que représente peut-être ce dîner et cette rencontre avec ce couple à priori très libéré – même si on pourra constater que certaines règles existent dans les couples libertins et que la jalousie peut poindre lorsque surgit le soupçon d’une infidélité non consentie. Très drôle quand il craque, Xavier fait de sa fragilité la preuve de son attachement à sa femme. Et le jeu de Bernard Campan tout en sensibilité fait alterner dérision et émotion.
Isabelle Carré, dans son personnage de femme déçue par la vie qu’elle mène, Julia Faure et Pablo Pauly en couple libertin, livrent également une jolie partition. En Alban, jeune homme arrogant mais moins inculte qu’il n’y paraît, Pablo Pauly compose un personnage comme on en a parfois rencontré, celui qui vous jette à la figure, l’air de rien, vos échecs et vos manquements. Ces quatre artistes prennent apparemment beaucoup de plaisir à ces échanges vifs et à ces revirements de situations. Et plus si affinités peut être considérée comme une comédie réussie aussi et surtout car elle comporte une part d’amertume au regard de ce qu’on a perdu et qu’on ne retrouvera pas tout en conservant une tendresse et une indulgence pour ses personnages.
Disponible en DVD et VOD dès le 7 août, édité par Wild Side et accompagné de compléments conséquents, à savoir un bêtisier et 3 courts-métrages.
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