FEMMES D’ARGENTINE
Synopsis : En Argentine, où l’interruption volontaire de grossesse est interdite, une femme meurt chaque semaine des suites d’un avortement clandestin. Le 14 juin 2018, les députés argentins disent « oui » à la légalisation de l’IVG. Le 9 août, par 38 voix contre 31, le Sénat rejette le projet de loi. Pendant huit semaines, le projet a été âprement discuté au Sénat, mais aussi dans la rue, où des dizaines de milliers de militants pro-avortement ont manifesté pour défendre ce droit fondamental. Que Sea Ley nous plonge au cœur de la lutte, à travers des témoignages de femmes et d’hommes arborant le foulard vert de la Campagne pour l’avortement libre. Il dresse un portrait des féministes argentines et montre l’espoir que leur extraordinaire mobilisation a fait naître en Argentine comme ailleurs…
Critique du film
Alors que l’Alabama vient d’adopter une loi anti-avortement, visant à interdire la pratique de l’IVG, le documentaire Femmes d’Argentine (Que Sea Lay) de Juan Solanas retrace le combat acharné des groupes féministes en Argentine pour la liberté de disposer de leur propre corps. Après une émouvante montée des marches des Foulards Verts, le documentaire projeté en séance spéciale, dresse le portrait édifiant du combat pour le droit à l’IVG.
En Argentine, près de 40% de la population vit sous le seuil de la pauvreté, privant ainsi la population, et surtout les femmes, de l’accès à la santé. En 2018, un projet de loi en faveur de la légalisation de l’IVG parvient à atteindre le Sénat. Que Sea Lay – “que loi soit faite” en français – donne la parole à celles qui se battent au quotidien. Derrière l’énergie joyeuse des manifestations féministes se cache une douleur impénétrable. Les témoignages sont d’une violence inouïe. Il y a déjà celle physique, insupportable de l’avortement clandestin effectué dans des conditions sanitaires déplorables, à laquelle s’ajoute la culpabilité de l’Etat. Insultées, méprisées, punies pour avoir fait le choix de ne pas enfanter, les femmes sont torturées par le personnel médical au point de les priver de leur droit les plus basiques.
Un vent d’espoir
Femmes d’Argentine entrecroise les points de vues, entre religion, politique et vie intime, pour faire émerger un même constat : le débat est hypocrite et va bien au-delà de considération morale, puisqu’il cache derrière un profond désir de contrôle sur le corps féminin. Le documentaire a l’intelligence d’ouvrir les perspectives, plutôt que de s’enfermer dans des cases : la diversité des intervenant.e.s, de l’homme d’Eglise pro-avortement à la sénatrice farouchement opposée, le documentaire ne verse pas dans la facilité, ni dans le larmoyant.
Le message est d’autant plus fort : diffusé dans le plus grand festival de cinéma du monde, où la critique est encore essentiellement masculine, le documentaire possède la fenêtre parfaite pour hurler sa colère au monde entier. Et rappelle, s’il le faut encore, que la politique a parfaitement sa place dans le cinéma.