L’HEURE DE LA SORTIE
La ficheRéalisé par Sebastien Marnier – Avec Laurent Lafitte, Emmanuelle Bercot…
France – Thriller, drame – Sortie : 9 janvier 2019 – Durée : 103 min
Synopsis : Lorsque Pierre Hoffman intègre le prestigieux collège de Saint Joseph il décèle, chez les 3e 1, une hostilité diffuse et une violence sourde. Est-ce parce que leur professeur de français vient de se jeter par la fenêtre en plein cours ? Parce qu’ils sont une classe pilote d’enfants surdoués ? Parce qu’ils semblent terrifiés par la menace écologique et avoir perdu tout espoir en l’avenir ? De la curiosité à l’obsession, Pierre va tenter de percer leur secret…
Hostiles
À l’origine de L’Heure de la sortie, il y a un roman de Christophe Dufossé, publié en 2002. Celui-ci éveille en Sebastien Marnier « un torrent d’images et de situations évocatrices » mais il doit patienter avant de s’en emparer et réalise entre temps le prometteur et troublant Irréprochable, avec Marina Foïs, Jérémie Elkaïm et Joséphine Japy. En actualisant certains thématiques du livre (notamment la menace terroriste), Marnier se penche sur le sentiment d’inquiétude de la jeunesse actuelle, vivant dans une certaine idée (pessimiste) de l’avenir. Et quand un groupe d’adolescents surdoués prend des allures de groupuscule extrémiste, L’heure de la sortie brouille les cartes pour devenir un thriller grave, anxiogène et captivant.
Des collégiens intellectuellement précoces sont-ils capables de se radicaliser face au chaos du monde ? Et à quel point ? Sebastien Marnier, en adoptant le point de vue de leur enseignant, Pierre (Laurent Lafitte), maintient le mystère entourant cette bande de six qui s’adonne à des expérimentations dangereuses. Qui sont les véritables monstres ? En voulant percer leur secret, le professeur devient obsessionnel et perd pied. Le spectateur, lui, spécule à son tour, à mesure que le film avance et que le trouble s’intensifie.
Évoquant en creux la violence scolaire ou la faible adaptabilité du système scolaire pour les élèves à profil spécifique, L’heure de la sortie raconte avec beaucoup de justesse l’opacité des années adolescentes où le collège est un lieu où il faut « survivre ». Porté par un sentiment d’urgence contaminant la pellicule et la bande son (avec l’appui de l’inquiétante partition de Zombie Zombie), le thriller de Sebastien Marnier finit par devenir presque aussi étouffant que la chaleur caniculaire à l’écran, brouillant davantage les pistes et la frontière entre réalité et fantasme, laissant son audience sur une interrogation : faut-il se réconcilier face à l’imminence du chaos ?