KURSK
KURSK relate le naufrage du sous-marin nucléaire russe K-141 Koursk, survenu en mer de Barents le 12 août 2000. Tandis qu’à bord du navire endommagé, vingt-trois marins se battent pour survivre, au sol, leurs familles luttent désespérément pour obtenir des nouvelles et faire bouger le pouvoir en place pour ne pas compromettre l’espoir de les sauver.
Lors de notre dernier entretien, Thomas Vinterberg évoquait son intention de porter à l’écran le drame du naufrage du sous-marin russe. Les étoiles se sont depuis alignées et lui ont permis de concrétiser cet ambitieux et complexe projet. Pour cette seconde production internationale, le réalisateur de Festen et La chasse a de nouveau embauché le belge Matthias Schoenaerts, après leur première collaboration Loin de la foule déchaînée, mais s’est également offert les services du britannique Colin Firth, de la française Léa Seydoux et du suédois Max Von Sydow.
Touché, coulé.
Avant de découvrir l’adaptation du livre de Robert Moore, A Time to Die : the untold story of the Kursk tragedy, une inquiétude subsistait suite au remaniement du scénario du film, rapporté par le Hollywood Reporter, faisant écho de pressions exercées par le Kremlin. Il faut dire que Vladimir Poutine, au pouvoir à l’époque du drame et toujours à la tête du pays, a tout à craindre d’un film dévoilant les troublantes circonstances ayant mené au tragique accident. Préférant peut-être s’éviter des problèmes et/ou une crise diplomatique, Vinterberg et ses producteurs (dont Luc Besson) ont finalement retiré les segments du film intégrant le dirigeant russe. Fort heureusement, ils n’en ont pas atténué sa dimension incisive.
En recentrant Kursk sur la mission de sauvetage maritime et la survie de l’équipage en huis-clos, ainsi que l’inquiétante de leurs familles restées au pays, Vinterberg n’oublie pas de doubler son thriller claustrophobique d’une critique affutée de la société russe du début de 21e siècle, écrasée par un discours de façade visant à masquer les failles d’un pays aux infrastructures vieillissantes. Il raconte le combat des proches, particulièrement négligés par une bureaucratie rigide et sur la défensive. La mise en scène, sobre et dépouillée d’artifices hollywoodiens manifestes, permet au film de gagner en justesse. Elle rend justice au traumatisme des familles et à l’injustice que représente le sacrifice de ces (jeunes) victimes condamnées sur l’autel de la fierté nationaliste. Un drame politique et humain, teinté d’une poignante mélancolie et d’une colère brûlante.
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