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GÉANT

Luz et Bick Benedict dirigent le Reata Ranch au Texas. Lorsque Luz meurt, Jett Rink, un employé du ranch, hérite d’une parcelle de terrain où se trouve du pétrole. Devenu riche, il entre en conflit avec la famille qui l’avait employé.

Critique du film

Tourné en 1956, entre L’Homme des vallées perdues (1953), western mythique avec Alan Ladd, et l’adaptation Le Journal d’Anne Frank (1959), Géant fait partie de ces fleurons de la Warner et de ces films fleuve devenus mythiques. Tiré d’un livre d’Edna Farber, il déroule pendant près de trois heures et vingt minutes l’histoire d’une famille texane sur près de trente ans.

À la tête de cette famille, on trouve Jordan Benedict – Rock Hudson -, un homme très marqué par une culture familiale et régionale où s’entremêlent culte de la virilité, misogynie et racisme. Tombé amoureux d’une jeune femme du Maryland, Leslie – Elizabeth Taylor – il l’épouse et le couple s’installe dans la demeure familiale où vit également Luz – Mercedes McCambridge –, la sœur de Jordan qui a pour son frère des sentiments et une possessivité maladive. Autour de cette famille gravite Jett Rink, un homme aux fonctions subalternes dans la propriété des Benedict, qui hérite d’une parcelle de terre qui pourrait changer son destin. 

Pour incarner ce personnage, on avait fait appel à James Dean, dont c’était le dernier des trois grands films qu’il ait tournés (après A l’est d’Eden et La Fureur de vivre ; les autres longs métrages précédents de sa filmographie ne lui avaient apporté que des rôles très secondaires, voire des apparitions). Une suite de trois films cultes de la Warner en moins de trois ans, avant de mourir brutalement dans un accident de voiture au volant de sa Porsche. Un casting prestigieux donc auquel il faut ajouter Dennis Hopper et Sal Mineo (tous les deux déjà présents dans La Fureur de vivre) mais aussi Caroll Baker, qui allait devenir la scandaleuse Baby Doll devant la caméra d’Elia Kazan. 

Cette histoire qui mêle histoire, d’amour, rivalité, questions de discriminations et de traditions culturelles toxiques, repose donc sur une distribution qui incarne des personnages forts : en particulier celui de Leslie qui constitue un magnifique mélange de force de caractère et de sensibilité. Elle se montre à la fois indomptable, farouchement indépendante, mais aussi très à l’écoute des minorités, des plus fragiles. Et son courage lui permet de s’opposer aux conventions d’un autre âge. Et même d’avoir une influence sur Jordan, son époux qui évoluera, peut-être malgré lui. Ce dernier, qu’on voit à un moment éduquer son fils de six ans à la dure, lui imposant la montée d’un poney, puis une cavalcade sur un cheval fougueux, malgré les pleurs de l’enfant, finira par se défaire de cet héritage, de cet atavisme qui semble empoisonner une région où les hispaniques sont discriminés. La caste dont fait partie Jordan porte la marque d’une classe arrogante, raciste et misogyne. 

Quant à Jett Rink, lorsqu’il hérite d’une parcelle de terre léguée par Luz, il refuse de la céder aux Benedict, malgré l’offre conséquente qui lui est faite. Est-ce par respect pour les dernières volontés de la défunte ? Ou soupçonne-t-il déjà la présence de pétrole sur cette partie de la propriété ? Il est aussi beaucoup question de lutte des classes, dans Géant mais également de revanche, de la possibilité de changer, pour le meilleur ou pour le pire. 

Par ses thèmes progressistes développés à travers le personnage de Leslie, Géant reste une œuvre riche et généreuse, évoquant aussi bien l’émancipation de la femme que la lutte contre le racisme. Superbement filmé et interprété, il peut être visionné depuis le 22 juin dans une version Blu-Ray 4K Ultra HD*, édité et distribué par Warner Home Vidéo et qui permet de le (re)découvrir dans toute sa splendeur. 


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*ce dernier ne comporte pas la version du film en Blu-Ray