GHOSTLAND
Suite au décès de sa tante, Pauline et ses deux filles héritent d’une maison. Mais dès la première nuit, des meurtriers pénètrent dans la demeure et Pauline doit se battre pour sauver ses filles. Un drame qui va traumatiser toute la famille mais surtout affecter différemment chacune des jeunes filles dont les personnalités vont diverger davantage à la suite de cette nuit cauchemardesque.
Grindhouse Farmerien
Si certains, malgré les récents et enthousiasmants Grave et Revenge, reprochent au cinéma de genre français de sombrer dans la léthargie, ils peuvent toujours compter sur Pascal Laugier pour le réveiller. Son Ghostland fait preuve d’un jusqu’au boutisme qui, s’il n’atteint pas les cimes extrêmement perturbantes de Martyrs, malaxe généreusement les codes horrifiques. Le carton d’ouverture place le film sous le parrainage de Lovecraft, mais cette référence est plutôt anecdotique et trompeuse car c’est bien davantage dans l’univers grindhouse qu’il va piocher son ambiance poisseuse, ses rednecks, son boogeyman. À l’écran, c’est Grand Guignol et Rob Zombie, du home invasion ripoliné avec une forme de grotesque à la Qu’est-il arrivé à Baby Jane.
C’est aussi une révélation, celle d’une Mylène Farmer parfaitement crédible – et même émouvante – en mère de famille ferraillant pour sauver ses filles. La chanteuse trouve ici son deuxième rôle au cinéma – plus de vingt ans après le fiasco Giorgino – et ses fans distingueront sans doute d’un plan à l’autre certains détails et thématiques faisant échos à l’univers fantastique et mortifère dans lesquels elle s’est plue à se lover tout au long de sa carrière. Ghostland est un film tendu, brutal – certains plans sur des visages tuméfiés vrillent l’estomac. L’intrigue est à tiroir, du genre de ceux dont peuvent jaillir diablotins ou, plutôt, des poupées flippantes. Il y a là dedans quelque chose de sidérant. De là à parler d’état de sidération, il n’y a qu’un pas. ★★★ – Fabien R.
Laugier prend son pied.
Le cinéma de Pascal Laugier est d’une autre époque. De celle où se jeter sur la table de mixage pour faire grimper brutalement les décibels était un ressort convenable. De celle où faire surgir des silhouettes dans l’encadrement d’une porte n’était pas encore une combine éculée. De celle où le sexe de la femme était encore souillé par des artistes perturbés par le con et prenant plaisir à filmer des corps féminins juvéniles, dénudés et tuméfiés. De celles où les personnages pouvaient se contenter d’être des mannequins sans âme, valdingués d’un bout à l’autre du film selon le bon vouloir du « scénariste ». De celle, enfin, où les gros sabots scénaristiques étaient tolérés avec indulgence et « le twist de fou » n’était pas encore détecté facilement alors que les indices peu discrets sont disséminés dans le premier quart d’heure d’exposition.
Hystérique à souhait (ses protagonistes passent leur temps à s’égosiller, au point de faire pâlir d’envie les plus célèbres scream-queens), Ghostland déplace ses immenses guiboles au sein d’un décorum vieillot (les poupées, les bibelots, la taxidermie…) et prend son pied à maculer le visage de ses héroïnes virginales de sang, de larmes et d’urine. Dans une débauche d’effets sensoriels usante, avec son montage saccagé, Laugier retrouve allègrement cette outrance et cette complaisance pour la violence, une tare très symptomatique de son cinéma daté et nauséabond. Pour autant, cette pénible production ostentatoire paraît taillée pour le succès commercial à l’international (Mylène et sa fan-base, le marketing tapageur, le titre anglophone, le cadre nord-américain…). Tant mieux pour lui et sa vision de gros beauf. Et tant pis pour ceux qui espéraient un film d’horreur fréquentable, dupés par son succès inexplicable à Gerardmer. ☆ – Thomas P.
La fiche
GHOSTLAND
Réalisé par Pascal Laugier
Avec Crystal Reed, Anastasia Phillips, Mylène Farmer, Taylor Hickson…
France, Canada – Épouvant(abl)e horreur
Sortie : 14 mars 2018
Durée : 91 min
Bonjour,
Pas un mot sur l’actrice Taylor Hickson qui a été défiguré durant le tournage.
Je n’adhère absolument pas à votre critique. Éternellement insatisfait, en effet, cela vous définit bien. Vous devriez même ajouter : trop cynique, blasé, amer et prisonnier d’une vision trop étriquée du cinéma de genre pour en parler correctement. Comment ne pas voir en ghostland, un chef d’oeuvre du thriller horrifique ? Comment n’y voir qu’un plan promo à l’américaine ? Comment n’évoquer que la fan base de mylene farmer ? … Là où vous considérez le film comme dépassé, je ne vois qu’une mise en scène brillantissime, un scénario subtil et manichéen. Des séquences inoubliables. Une ambiance oppressante et malsaine dans la lignée d’un film de Tobe Hooper ou de Victor Salva. Le cinéma de Pascal Laugier est d’une autre époque ? Mais quelle ineptie ! Il remet plutôt au goût du jour un genre qui a marqué les esprits dans les seventies et les eighties. Enfin un film d’horreur electro choc! Qui nous remue à l’intérieur et reste gravé dans notre tête une fois l’histoire terminée. Un chef d’oeuvre qui mérite amplement ses récompenses à gerardmer…
Faut pas vous fâcher comme ça, c’est pas bon pour la santé et ça fait monter la tension artérielle.
Par contre, au lieu de prendre les gens de haut, on peut aussi accepter qu’un film aussi excessif provoque des réactions contrastées et, également, apprécier qu’un site propose deux réceptions tranchées de ce film que vous portez aux nues.
L’avis de Fabien Randanne devrait donc vous enchanter mais vous n’y faites pas référence et vous contentez de votre petite tirade. J’espère au moins que ça vous a soulagé.
Le film de Pascal Laugier est flippant à souhait, c’est ce que l’on demande d’abord à un film d’horreur. Le montage est digne de De Palma (surtout celui de Femme Fatale en 2002, qui avait aussi largement été éreinté pourtant par des débiles dont on a oublié depuis ce qu’ils foutent).