GIBRALTAR
Afin de mettre sa famille à l’abri du besoin, Marc Duval, un français expatrié à Gibraltar, devient agent d’infiltration pour le compte des douanes françaises. De petits trafics en cargaisons troubles, il gagne progressivement la confiance de Claudio Lanfredi, un puissant importateur de cocaïne associé aux cartels Colombiens. Cette immersion en eau profonde dans l’univers des narcotrafiquants lui fait courir des risques de plus en plus importants. Mais à mesure que Marc gravit les échelons du cartel, il découvre aussi le luxe et l’argent facile… En permanence sur le fil du rasoir, seuls ses mensonges le maintiennent encore en vie. Lorsque les douanes anglaises rentrent dans la partie pour arrêter Lanfredi, le jeu devient encore plus dangereux et sa famille risque d’en payer le prix.
Traffic
Cette année, la production française aura proposé de désastreuses comédies (Les profs, Les gamins, La stratégie de la poussette…) mais de très beaux dramas (Suzanne, La vie d’Adèle, Juliette, Michael Kohlhaas, Le Passé…). Gibraltar confirme cette tendance avec un polar soigné signé Gilles Leclercq, déjà auteur de l’honorable L’assaut qui s’intéressait à la prise d’otages de Marignan. Visiblement passionné par la mise à l’écran de faits réels, Leclercq a confié à Abdel Raouf Dafri (spécialiste du genre criminel ayant travaillé sur Mesrine, Braquo et Un prophète notamment) l’adaptation du livre auto-biographique de Marc Fiévet, L’aviseur.
Gibraltar raconte donc l’histoire de Marc (Duval, au lieu de Fiévet) qui, criblé de dettes, va accepter de servir les douanes françaises afin de leur permettre de démanteler plusieurs réseaux de narco-trafiquants opérant sur le détroit de Gibraltar – haut lieu de transit légal et illégal. C’est un Gilles Lellouche cantonesque qui incarne cet informateur bientôt coincé dans une machine infernale qui le dépasse, avec l’institution d’un côté et le réseau mafieux de la drogue de l’autre. L’acteur, amusant comédien et jovial personnage, semble enfin acquérir une véritable crédibilité avec ce rôle d’envergure qu’il porte avec beaucoup de charisme et de justesse. Ce film apparaît ainsi comme son premier grand rôle qui aura forcément une importance pour l’avenir de sa carrière. On ne peut pas en dire autant d’un Tahar Rahim assez lisse – même si celui-ci s’en défend, arguant que le rôle exigeait cette interprétation – ou à moindre mesure de Mélanie Bernier, qui confirme film après film qu’elle est aussi mauvaise qu’agaçante dans chacun de ses films (triste constat : de jolis yeux ne remplacent pas le talent). Il faut dire que face au talentueux Riccardo Scamarcio, son amateurisme très Plus belle la vie saute aux yeux.
Toutefois, il serait dommage d’insister davantage sur ces défauts car, même s’il pâtit d’un certain manque de nervosité, le film de Leclercq est une véritable réussite du genre. Grâce à une photographie (à nouveau) superbe et à une mise en scène particulièrement élégante, Gibraltar n’a absolument rien à envier aux productions d’outre-atlantique. Si le cinéma français souffre parfois de sa fâcheuse tendance à s’enfermer dans cette division exaspérante entre pseudo-élitisme bobo très auto-satisfait et soupe populaire discount super-jetable, il y a aussi en France de très bons auteurs dont on ne parle pas assez et qui méritent bien davantage d’être financés pour leurs projets. La relève est là avec les Sciamma, Quillévéré, Leclercq déjà plutôt sûrs de leur art pour venir seconder d’autres cinéastes bien installés et c’est une bonne raison de retrouver un peu foi en notre bonne vieille exception culturelle française.
GIBRALTAR
RÉALISÉ PAR JULIEN LECLERCQ
FRA/CAN – 110 MIN – THRILLER, ESPIONNAGE
AVEC GILLES LELLOUCHE, TAHAR RAHIM, RICCARDO SCAMARCIO
11 SEPTEMBRE 2013
Cela fait plusieurs avis positifs que je lis sur ce film dont la bande-annonce ne m’avait pas accroché plus que ça (surtout la seconde partie). Et comme j’aime bien Gilles Lellouche, je pense me laisser tenter.
… « un certain manque de nervosité » et un manque de nervosité certain… mon esprit critique a donc eu tout loisir de s’exercer !
Les aspects clichés et les éléments qui m’ont paru peu vraisemblables, la profondeur et la finesse de certains dialogues (j’ai notamment adoré le « p’tite soeur » dans une des scènes d’exposition), le manque de crédibilité – parfois – du jeu des acteurs et l’enthousiasme de T. Rahim (on dirait un dépressif en costard), etc. lui auront donné un peu de grain à moudre.
Si je n’ai pas non plus passé un mauvais moment, je m’attendais à mieux et le film aurait pu être réduit d’une bonne demi-heure. Mais finissons sur une note positive : je te rejoins sur la qualité de la photographie.
Les défauts du film que tu pointes du doigt sont assez pertinents (Tahar Rahim, le rapport avec la soeur, quelques dialogues) mais j’ai trouvé que ça fonctionnait franchement bien en dehors de ça.
la réalité du Sud de l’Andalousie; LA NUIT NOUS APPARTIENT et LA TAUPE à la sauce orientale planent sur ce film; 3 étoiles parce que je suis bon client.