GRINGO
Harold Soyinka travaille pour un groupe pharmaceutique dirigé par Elaine Markinson et Richard Rusk. Lorsque ces derniers décident de se lancer dans le commerce lucratif du cannabis médical, ils envoient Harold au Mexique pour le lancement de leur nouvelle usine de production. Ignorant que la société qu’il représente a trahi un dangereux cartel local, l’employé modèle échappe de justesse à un enlèvement. Perdu au fin fond du Mexique, réalisant que ses patrons ont tout intérêt à le voir disparaitre, pourchassé par les tueurs du cartel et un mercenaire implacable, Harold ne peut compter que sur lui-même s’il veut rester en vie.
Racisme latent.
En abordant Gringo, le dernier né de Nash Edgerton (à qui l’on doit déjà The Square, un thriller australien assez classique), on passe par différents états. Bien qu’il soit rapidement évident que le film ne révolutionnera aucun genre (encore moins celui dans lequel il s’inscrit), on se plaît à suivre les pérégrinations de David Oyelowo (The Cloverfield Paradox, Selma et bientôt Chaos walking). Malheureusement, le bon élan n’est que de courte durée. Emportée par un scénario insipide, la phase deux n’a pas la candeur de sa jeune sœur. Très vite, on comprend que le personnage d’Oyelowo n’est que l’ombre d’un archétype vu et revu : du noir aux mimiques comiques dont toutes les décisions sont des « non-décisions » et qui ne dépend que du bon vouloir des personnages qui l’entourent. Les clichés s’accumulent, ce qui ne cesse d’accroitre le vide scénaristique et le manque de bon sens. Le film n’aurait-il rien de mieux à raconter qu’une blague bananière contre son personnage de couleur ? En est-on encore là en 2018 ?
Depuis le Bright de David Ayer, Joel Edgerton enchaîne un troisième choix discutable même s’il ne démérite pas en imbécile raciste. Charlize Theron, la caution femme forte manipulatrice et sexy », qui non contente d’asseoir quelques vannes douteuses – dont elle a elle-même conscience des limites puisqu’elle souligne en interview avoir été « souvent très gênée pendant le tournage du film, au point de rougir et de se sentir obligée de s’excuser » – transmet à travers son personnage une morale incompréhensible. Amanda Seyfried et Thandie Newton, qui l’accompagnent, cochent, elles, la case « parité », prouvant une fois encore qu’Hollywood a bien du mal à donner des rôles intéressants aux femmes.
De ce naufrage, on ne gardera que le montage plutôt correct d’un Nash Edgerton technicien de talent mais, piètre scénariste. C’est ainsi que, dirigés vers l’abysse par le poids de l’ennui, on succombe à un happy-end face-caméra qui signe de son sceau la mort de l’audace.
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