GUILTY OF ROMANCE
SION SONO | JAPON | 112 MIN | 25 JUILLET 2012 | MEGUMI KAGURAZAKA, MIZI MIZUNO, MAKOTO TOGASHI
Izumi est mariée à un célèbre romancier romantique mais leur vie semble n’être qu’une simple répétition sans romance. Un jour, elle décide de suivre ses désirs et accepte de poser nue et de mimer une relation sexuelle devant la caméra. Bientôt, elle rencontre un mentor et commence à vendre son corps à des étrangers, mais chez elle, elle reste la femme qu’elle est censée être. Un jour, le corps d’une personne assassinée est retrouvé dans le quartier des « love hôtels ». La police essaie de comprendre ce qui s’est passé.
Sorti le 25 Juillet sur les écrans français, Guilty of Romance est un exercice de style fantaisiste et expérimental à mi-chemin entre le polar et porno kitsch. Si le cinéaste nippon (ni-mauvais) réussit à accrocher le spectateur dans les vingt premières minutes ainsi qu’autour de l’intrigue du meurtre et de la brève enquête policière, la majeure partie du film (suivant la décadence d’une desperate housewife complètement soumise à écrivain de mari mais vite rattrapée par ses pulsions) est beaucoup plus confuse et brouillonne. Si elle n’est pas dénuée d’intérêt – ça partait plutôt bien – on regrette que Sion Sono ne privilégie beaucoup plus la forme que le fond, déconstruisant inutilement sa narration pour masquer l’incroyable banalité (et prévisibilité) de son récit, abusant d’une musique classique éreintante et de couleurs saturées pour créer son ambiance. Quant à la palette de jeu des acteurs, assez réduite, elle paraît bien trop stéréotypée pour faire naître l’empathie du spectateur (les seconds rôles sont tous assez catastrophiques). Au final, au lieu de fasciner, ce Guilty of Romance visuellement assez cheap agace et déçoit par la pauvreté de son propos malgré les efforts de la généreuse Megumi Kagurazaka qui se donne corps et âme.
Sion Sono signe donc avec Guilty of Romance un semi-polar un brin hystérique et occasionnellement drôle qui mélange psychologie au rabais, tirades pseudo-poétiques et enquête policière secondaire. Les japonais, bien meilleurs pour faire peur que pour explorer les profondeurs de la psyché humaine, ont trop la fâcheuse tendance à tomber dans une orgie de déviances malsaines comme expiatoire foutraque des tabous de leur société. Un grand n’importe quoi tué par ses excès et sa prétention signé par un auteur qui passe malheureusement à côté de son sujet.
Je crois surtout que le film patit d’avoir été amputé de 30 minutes pour son exploitation internationale. Le montage original donnait davantage d’importance à la policière (on la voyait notamment dans une relation extra-conjugale), et devait être bien mieux équilibré.
Personnellement , j’ai beaucoup aimé le film, son exubérance, son hystérie et sa perversité. Les images fortes ne manquent pas (les projections de peinture fluo, notamment), de même qu’un certain humour (l’augmentation progressive de la taille des saucisses). Il y a clairement un côté provoc’, parfois gratuit, mais, en tant que spectateur, j’ai aimé que l’on ne cherche pas à me plonger dans un univers confortable (certaines scènes, au niveau des dialogues et/ou de leur durée et/ou du montage – je pense notamment à celle où Izumi s’observe nue dans un miroir en répétant son « argumentaire » de vente et prend peu à peu confiance en elle, tout en accélérant ses poses, ses déclamations et en haussant la voix ; une hystérisation que l’on rencontre à d’autres moments du film).
« Guilty of Romance » se situe entre roman de gare, téléfilm érotique, imagerie pop déviante, mélodrame sensible. Et moi, je suis client 🙂
Pour ma part c’est justement cette hystérie et ces répétitions lourdingues, cette accentuation de bien trop nombreuses scènes qui m’ont tapé sur le système. Au bout d’un moment tu as envie de dire « c’est boooooon on a compriiiiiis ». Ce n’est pas du tout une question de ne pas vouloir être bousculé, au contraire. Par contre, je n’ai pas envie qu’on me saoule avec les mêmes scènes et les mêmes dialogues encore et encore. Le coup des foutus savates blanches par ex, au bout d’un moment tu finis par en avoir marre…
Quant au montage international, tu as peut-être raison et je le regrette car au final même si on la voit peu j’aimais assez le personnage de la policière.
Je vois ce que tu veux dire. Les répétitions participent au malaise (c’est insupportable pour le spectateur, mais ça l’est davantage pour le personnage qui « vit » ça au quotidien), celle des chaussons blancs, par exemple vient en contrepoids aux scènes d’émancipation : peu à peu, on constate que le système, la routine, se dérègle.
Non mais je comprends bien l’effet désiré et l’exemple des godasses n’est peut-être pas le plus probant toutefois je trouve vraiment qu’il a trop insisté parfois entre ça, les saucisses, l’entraînement devant le miroir, les scènes au lit, etc… à force t’as vraiment l’impression qu’une vingtaine de minutes tourne en rond. Mais ce n’est pas son plus gros défaut.
J’avais vraiment envie de le voir, mais se joue peu et du coup ta critique ne m’aide à pas à l’effort