GWEN, LE LIVRE DE SABLE
La fiche
Réalisé par Jean-François Laguionie – Avec les voix de Michel Robin, Lorella Di Cicco, Armand Babel – Animation – France – 2 octobre 2019 – 1h07
Selon une ancienne légende, les dieux ont quitté notre monde en ne laissant derrière eux que du sable et, quelque part dans ce sable, une chose terrible attend patiemment leur retour. Chaque nuit, les nomades se cachent au fond d’un puits pour lui échapper. C’est là que Gwen, une jeune fille de treize ans, rencontre Roselyne, une vieille dame qui va l’entraîner dans un périlleux voyage jusqu’au pays de cette chose…
La critique du film
Présenté dans sa version restaurée lors du dernier Festival d’Annecy en présence de l’intégralité de l’équipe du film, le premier essai de Laguionie est de ceux qui se laissent difficilement approcher. Un véritable livre illustré, une oeuvre clivante par son approche austère qui lassera certains hermétiques, quand d’autres emploieront le mot chef-d’oeuvre. Néanmoins, tous s’accorderont à dire que Gwen, le livre de sable est une oeuvre rare dans le paysage de l’animation française, d’une grande poésie, qui pose les jalons de ce qui fera de Jean-François Laguionie l’un des maîtres de l’animation française.
L’histoire nous est contée par une mystérieuse femme de 173 ans. Dans ce décor post-apocalyptique où l’espoir semble s’être évanoui le long des dunes infinies, le film aborde la métaphysique de l’inconnu. Dans ce monde, toute la connaissance s’est évaporée au profit des contes et légendes. La peur centralise les émotions et des questionnements apparaissent. Est-ce le pilier limitant de l’humanité ? L’instinct primaire de nos pensées limitantes ? Nous sommes invités à y songer, à ressasser des questions fondamentales durant le voyage initiatique de Gwen, âgée de 13 ans, figure héroïque féminine et libertaire, jusqu’au dénouement final qui (avec ironie) arbore les fondements d’un peuple et ses croyances.
Dès son premier long métrage, qui fut acclamé par la critique, Jean-François Laguionie pose l’essentiel de sa volonté d’artiste, se définissant d’emblée comme un artisan de l’animation pour lequel toute réalisation est avant tout une aventure humaine. Une heure de songe qu’il serait dommage de manquer.
À découvrir également : Louise en hiver de J-F. Laguionie
