HOLLY
Holly est perçue comme une fille bizarre par ses camarades de classe jusqu’au jour où l’on découvre que celle-ci possède le don de soulager les gens de leurs chagrins. Dès lors, son énergie cathartique est recherchée par tous. Mais la frontière entre aide et abus va vite s’estomper. Sainte ou sorcière ? L’étrange destin d’une héroïne sanctifiée malgré elle.
Critique du film
En 2016, la cinéaste belge Fien Troch remportait le prix Orizzonti de la meilleure réalisation à la Mostra de Venise, pour son film Home. En 2023, elle est revenue y présenter son cinquième long-métrage, Holly.
Holly est une adolescente à qui on ne laisse pas sa place. Moquée par ses camarades qui la traitent de sorcière, elle n’a qu’un seul ami fidèle : Bart. Un jour, alors qu’elle appelle son école pour prévenir de son absence en raison d’un mauvais pressentiment, un incendie meurtrier survient dans l’établissement. En plus de ce synopsis intriguant, le film se pare d’une photographie lumineuse, signée Frank van Den Eeden – qui avait déjà fait des merveilles dans Close de Lukas Dhont. Ajoutons à cela la musique mystérieuse aux sonorités rétro (qui rappellent presque l’œuvre de John Carpenter) de Johnny Jewel, qu’on a aussi entendu avec son groupe Chromatics dans Twin Peaks : The Return. Une bien belle alliance qui enveloppe le long-métrage. Mais que raconte réellement Holly au-delà de ce charmant emballage ?
Fille providentielle
Suite à sa prémonition, Holly accède à un statut complètement différent aux yeux des personnes qui l’entourent. Elle commence à faire du bénévolat dans un groupe de soutien aux familles des victimes de l’incendie qui a frappé son école et sa professeure constate que les gens qui côtoient Holly se sentent apaisés et soulagés en sa présence. Le film se met alors à interroger tour à tour les notions d’altruisme, d’empathie et surtout de croyance.
Au-delà de références évidentes à la sainteté, à commencer par le prénom de l’héroïne, Holly s’intéresse aux facteurs qui permettent à une croyance d’exister pleinement au sein d’une société. Dans Goutte d’or, Clément Cogitore proposait déjà une réflexion sur la croyance autant sur le plan intime que dans un environnement social bien précis. Si le film de Fien Troch s’ancre ailleurs, en Belgique, auprès d’un personnage très différent de celui qu’interprétait Karim Leklou, Holly et Goutte d’or présentent des similitudes dans la façon dont ils laissent le surnaturel s’immiscer dans leur récit.
Don divin, pouvoir mystique ou arnaque ? Dans Holly, Fien Troch laisse planer le doute et s’intéresse davantage à la manière dont les regards posés sur son héroïne évoluent et à l’impact qu’ils ont sur elle. Dans une économie de mots, l’actrice Cathalina Geraerts interprète à merveille cette jeune fille dans toute son ordinarité et son ambivalence, le regard chargé de secrets.
Malgré l’intérêt que suscitent l’atmosphère et l’héroïne de ce récit, Holly s’enlise en voulant prendre tour à tour le chemin d’un teen movie ou d’un film social avant de terminer sa longue course dans un raccourci fantastique peu convaincant. Si l’idée de mettre la question de la croyance sur le chemin labyrinthique de l’adolescence est tout à fait cohérente, le récit aurait gagné à être bien plus épuré.
Bande-annonce
6 mars 2024 – De Fien Troch, avec Cathalina Geraerts, Felix Heremans, Greet Verstraete
