I FEEL GOOD
Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.
Frère Jacques.
Devenus aujourd’hui des figures incontournables de la comédie française colorée de cinéma social, Gustave Kervern et Benoit Delépine profitent de leurs longs-métrages souvent marginaux pour porter ce discours engagé et profondément irrévérencieux qui fait leur singularité. Habitués à collaborer avec Gérard Depardieu et Yolande Moreau (présente à nouveau dans I feel good), ils intègrent cette fois-ci à leur univers un comédien qui n’a pas peur de froisser son image : Jean Dujardin.
Malheureusement, si ce choix fait d’abord notre bonheur dans la première partie du film, le « show » Dujardin finit par épuiser et éclipser la critique sociale. Il y a bien de la tendresse envers ce personnage qui veut à tout prix réussir et devenir riche, et l’absurdité de ses efforts pour y parvenir prête régulièrement à sourire. Mais cette saillie anti-capitaliste traîne tellement en longueur que la plaisanterie en arrive à lasser. Ce qui se joue à l’écran désintéresse jusqu’à un épilogue qui refait (enfin) la part belle aux compagnons d’Emmaüs, ces « petites gens » qui ont toujours eu leur place dans le cinéma du duo Grolandais. Ces marginaux lunaires, qui ne « sont pas beaux » pour reprendre les mots du frère Jacques, réinsufflent in-extremis un peu de chaleur à un film qui s’est égaré en chemin à vouloir pousser le bouchon un peu trop loin.
Toujours aussi punk et contestataires, Kervern et Delépine conservent cette liberté de ton qui fera le bonheur de beaucoup. D’autres pourraient en revanche descendre du camion, trouvant ce voyage exotique un peu trop long.
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