L’ÎLE AUX CHIENS
En raison d’une épidémie de grippe canine, le maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Ile aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour rechercher son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.
Les six compagnons.
Film d’ouverture de la Berlinale, L’île aux chiens (Isle of dogs) marque le retour de Wes Anderson à l’animation au stop-motion huit ans après son Fantastic Mr Fox enchanteur et irrésistiblement malicieux. Le cinéaste allait-il retrouver cette même verve après un Grand Budapest Hotel pour le moins décevant (de sa part) ?
Fidèle à son univers très pictural, aussi singulier que précieux, le dandy-poète régale le spectateur avec sa farce un brin plus corrosive qu’à l’accoutumée. Entre deux hommages au cinéma japonais, il déroule un conte cynophile et humaniste à mi-chemin entre le film d’aventure et le récit d’anticipation, mêlant prodigieusement sa célèbre fibre nostalgique à la modernité, tendresse et férocité. Et comme toujours chez Anderson, les bonnes idées fourmillent quand les répliques fusent mais le désenchantement n’est jamais bien loin.
Comme un Chief !
D’une inventivité formelle quasi-permanente, L’île aux chiens accroche grâce à son humeur particulière, se distinguant si bien des productions aseptisées de certains studios. Wes Anderson n’a pas de véritable garde-fou et si le rythme peut baisser ponctuellement, c’est pour laisser plus de place à sa fantaisie, sa poésie et sa délicatesse intrinsèque. Mais là où Anderson surprend c’est dans le registre politique, plus évident qu’à son habitude, évoquant l’exil et la culture de la peur conduisant à trouver des bouc-émissaires. Faisant une nouvelle fois la part belle aux underdogs et à ces marginaux que la société rebute, L’île aux chiens ne se prive pas de quelques saillies pince-sans-rire ça et là, pas plus qu’il ne s’échine à masquer la cruauté sous le déluge visuel.
Presque toujours en mouvement, le film ravira les petits et les grands, tout en rappelant quelques sombres heures de l’Histoire bipède (du siècle précédent comme de l’actuel). Adorateur des chiens jusqu’au dans son titre malin (Isle of dogs, prononcé à voix haute devient… I love dogs), Wes Anderson signe une fable universelle au charme unique ne reniant pas son style au profit de sa métaphore, une odyssée généreuse et attachante qui prête autant à sourire jaune que de bon coeur. Et de coeur, L’île aux chiens n’en manque pas, avec en son sein une poignante histoire d’amitié entre un petit pilote et un chien qui mord.
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