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INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS

Début du XXe siècle, dans le nord de l’Italie, à Ughettera, berceau de la famille Ughetto. La vie dans cette région étant devenue très difficile, les Ughetto rêvent de tout recommencer à l’étranger. Selon la légende, Luigi Ughetto traverse alors les Alpes et entame une nouvelle vie en France, changeant à jamais le destin de sa famille tant aimée. Son petit-fils retrace ici leur histoire.

Critique du film

Production rhône-alpine sous l’impulsion de l’indispensable boîte de production et de distribution Gebeka, Interdit aux chiens et aux italiens a été imaginé par Alain Ughetto comme un dialogue fictif avec sa grand-mère Cesira, décédée depuis, qu’il interroge sur tout ce qu’il aurait souhaité savoir de l’histoire de sa famille et de ces ancêtres qu’il n’a pas forcément connus. Entre prises de vue réelles et film d’animation en stop-motion, sa dernière création récompensée du Prix du Jury au festival d’Annecy devient ainsi un témoignage à portée universelle du destin de ces nombreux familles italiennes conduites sur le chemin de l’exil et une touchante et essentielle piqure de rappel face aux discours xénophobes.

Faisant honneur à leur résilience et à leur courage, il raconte avec nostalgie et poésie son histoire, leur histoire. En replongeant dans la mémoire familiale, il se prête aussi à cet exercice de mémoire indispensable au collectif à l’heure où les questions migratoires soulèvent encore bien des polémiques nauséabondes – et tandis que l’urgence climatique risque de doper davantage encore les flux migratoires lors des décennies à venir.

Interdit aux chiens et aux italiens

Avec malice et humour, Alain Ughetto rend ainsi un bien bel hommage à ses grands-parents, Cesira, pièce maitresse du noyau familial, et Luigi, cette vaillante figure paternelle ayant affronté autant la misère et la montée du fascisme que deux conflits militaires majeurs. Par le biais de ses marionnettes, il rejoue ainsi leur petite histoire s’inscrivant au coeur de la grande, de la rencontre de son aïeul avec sa grand-mère dans le Piémont aux années (en apparence) plus paisibles en Provence, bercées par le Tour de France et les airs d’accordéon. Il les montre au travail, ne ménageant pas leurs efforts et leurs prises de risques pour construire des ponts, des tunnels, des routes, souvent au péril de leur vie, et dans leur vie quotidienne, faisant de mauvaise fortune bon gré et se contentant parfois du strict minimum pour survivre. 

Le spectateur découvre leur chaotique chemin de vie dans lequel bien des familles d’immigrés se reconnaîtront et, comme Dounia et la Princesse d’Alep qui sortira en salle en février, Interdit aux chiens et aux Italiens rappelle, à qui veut bien l’entendre et le comprendre, que derrière chaque exilé.e se trouve souvent un être humain déraciné au destin contrarié par l’état du monde, et que chaque français de naissance ou d’adoption a pris sa part dans la construction de la France (et de ses infrastructures), qu’ils soient invisibilisés ou non. 

Bande-annonce

25 janvier 2023D’Alain Ughetto