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JACKIE BROWN

Jackie Brown, hôtesse de l’air, arrondit ses fins de mois en convoyant de l’argent liquide pour le compte d’un trafiquant d’armes, Ordell Robbie. Un jour, un agent federal et un policier de Los Angeles la cueillent à l’aéroport. Ils comptent sur elle pour faire tomber le trafiquant. Jackie échafaude alors un plan audacieux pour doubler tout le monde lors d’un prochain transfert qui porte sur la modeste somme de cinq cent mille dollars. Mais il lui faudra compter avec les complices d’Ordell, qui ont des méthodes plutôt expéditives. 

Critique du film

Il y a 22 ans et un jour, Jackie Brown sortait dans nos salles françaises (oui un 1er Avril et ce n’était pas une blague comme le signalait sa bande-annonce d’époque). Jackie Brown fait partie de ces films que l’on a tendance à oublier dans la carrière d’un grand metteur en scène. Pour preuve, lui et Boulevard De La Mort sont les films de Quentin Tarantino les moins diffusés à la télévision et ceux dont on parle le moins. Si Boulevard De La Mort reste le film le moins réussi dans la carrière de Tarantino (lui-même l’a reconnu en interview), Jackie Brown est l’un des plus réévalués à la hausse au fil du temps.

Étant un immense admirateur de l’œuvre de Tarantino (aussi bien de sa carrière en solo que de ses collaborations avec Robert Rodriguez), j’ai vu et revu ses films à plusieurs reprises. Lorsque j’ai découvert Jackie Brown, j’avais 13 ans. Je dois avouer qu’après avoir vu Reservoir Dogs, Pulp Fiction, True Romance et Kill Bill, je n’avais pas aimé. « Trop long, dialogues inutiles, j’ai rien compris, pourquoi tous ces personnages ?, c’est pas assez violent » sont les choses qui me sont restées le plus en tête. Mais petit à petit, à chaque visionnage, j’ai toujours réévalué à la hausse Jackie Brown. Réévalué à la hausse, oui, mais…

Jusqu’à Février dernier. Diffusé au cinéma dans le cadre d’UGC Culte, je suis allé voir le film en salle. Je ne sais pas si le dernier film du réalisateur vu – Once Upon A Time… In Hollywood – a influencé mon sentiment sur Jackie Brown ou non, mais j’ai trouvé les deux films assez similaires, notamment sur le traitement de leurs personnages et la maturité apportée par le cinéaste à ces deux œuvres.
On le sait, Tarantino est un immense scénariste et dialoguiste, qui amène ses personnages d’un point A à un point B tout en les faisant évoluer grâce à une recette dont lui seul a le secret.

Sur Jackie Brown, pour donner de la consistance à ses personnages, Tarantino choisit de les faire discuter entre eux le plus longuement possible, et ce, afin de faire évoluer l’intrigue. Une intrigue qui arrive à son paroxysme au bout d’1h45 de métrage. C’est à ce moment-là que le film prend un virage inattendu. Tarantino décide de montrer au spectateur chaque personnage vivre la même scène, et ce, dans l’une des meilleures mises en scène et montage possible.

Troisième film de Tarantino, attendu par les fans du réalisateur après son succès public et critique Pulp Fiction, lauréat de la Palme d’Or à Cannes en 1994, Jackie Brown est la seule œuvre du cinéaste adapté d’une œuvre littéraire (sur Sin City, où il était réalisateur invité, il n’a dirigé qu’une séquence adaptée de l’œuvre de Frank Miller). Q.T. reste très fidèle au livre d’Elmore Leonard dont il reprend la majeure partie de l’intrigue principale, mais n’hésite pas à faire quelques ajustements. Ainsi, l’histoire ne se déroule plus à Miami mais à Los Angeles, Louis ne travaille pas pour Max et Jackie Burke, caucasienne, qui devient Jackie Brown, noire, héroïne du long-métrage. Femme forte, charmante et au caractère bien trempée, Jackie Brown est un formidable personnage interprété avec grâce et élégance par Pam Grier.
Et ce n’est pas un hasard puisque Tarantino est un fan de  »blaxploitation » et qu’il ancre son film dans ce sous-genre cinématographique.

Jackie Brown

En s’entourant d’une légende de la blaxploitation comme Pam Grier (Coffy, La Panthère Noire De Harlem, Foxy Brown, Black Mama, White Mama, Femmes En Cages) dans le rôle principal et Robert Forster dans le rôle du chargé de caution Max Cherry, Q.T. fait revivre le sous-genre des années 70. Viennent s’ajouter à ce casting 5 étoiles le fidèle Samuel L. Jackson, Bridget Fonda dans un rôle totalement contraire à celui de l’héroïne, Michael Keaton (qui reprendra son rôle de flic le temps d’une apparition un an plus tard dans Hors D’Atteinte de Steven Soderbergh, autre adaptation d’un livre d’Elmore Leonard), Chris Tucker et le vétéran Robert De Niro dans un rôle à contre-emploi, mais exceptionnel.

Avec une mise en scène parfaite et un sens précis du montage (notamment pour cette fameuse séquence au centre commercial Del Amo), des dialogues croustillants, une bande originale très funk, et une fin émotive – mais aussi sentimentale – pour les deux héros (sur le morceau Across 110th Street de Bobby Womack), Tarantino parvient à nous toucher, nous émouvoir et se permet de nous interroger sur l’importance de ses deux personnages principaux et de l’évolution de leur relation sur les 2h30 de film.

Jackie Brown, ce n’est pas le Tarantino dont on parle le plus, c’est sans doute son film le plus mature avec Once Upon A Time… In Hollywood, mais Jackie Brown, c’est surtout comme un bon vin : il se bonifie avec le temps. Parole de fan.


Disponible sur Netflix, Amazon Prime Video et bientôt sur OCS


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