JOIKA
Joy Womack, une danseuse de ballet de 15 ans, quitte sa maison familiale du Texas et s’envole pour Moscou après avoir marqué l’histoire en étant acceptée à l’Académie de ballet du Bolchoï. Son rêve est de sortir diplômée de l’Académie et devenir danseuse étoile dans la compagnie d’élite du Bolchoï. Mais la concurrence est rude et sa légendaire enseignante, Tatiyana Volkova, exige une implication colossale de la part de ses élèves. Afin de poursuivre son rêve, Joy devra faire des sacrifices de plus en plus extrêmes, quitte à se mettre en danger…
CRITIQUE DU FILM
Sous le glamour et les paillettes, Joika, du néo-zélandais James Napier Robertson a clos la 49e édition du Festival de Deauville en contant la cruauté des sacrifices qui peuvent conduire au sommet. Le long-métrage retrace une partie de la carrière de Joy Womack, la première danseuse américaine à avoir été diplômée de l’Académie de ballet du Bolchoï et la seconde à avoir signé un contrat avec le Ballet du Bolchoï.
S’inscrivant dans la longue liste des films consacrés à la danse et au ballet à travers les années, Joika se démarque pourtant en poussant à l’extrême sa représentation de la maltraitance physique et mentale que subissent et s’infligent certaines danseuses dans leur ascension vers les étoiles. Rivalité, corruption, manipulation, violence, blessures : Joika ne nous épargne rien. Le Bolchoï est, encore aujourd’hui, l’une des meilleures compagnies de ballet au monde. Lorsqu’elle rejoint l’Académie à Moscou, Joy Womack est donc immédiatement confrontée aux exigences censées garantir l’excellence.
Mais Joika ne se contente pas d’exposer la violence mentale et physique. Le long-métrage s’intéresse aussi à la dimension politique du ballet et à ses enjeux. Outre la compétition entre les danseuses, Joika met l’accent sur la difficulté pour Joy Womack de se faire une place dans le monde du ballet russe en tant qu’américaine. James Napier Robertson met notamment en images un mariage arrangé avec un danseur russe et un système de sponsorisation plus que révoltant pour signifier les obstacles auxquels son héroïne doit faire face pour danser au Bolchoï.
Talia Ryder (qui brille aussi dans The Sweet East, vainqueur du prix du Jury et du prix de la Révélation à Deauville) incarne la danseuse à l’écran. Habitée d’une grâce et d’une combativité remarquables, la jeune actrice est de toutes les scènes et impressionne dans ce rôle complexe. Elle fait face à Diane Kruger, convaincante mais peu surprenante, qui interprète Tatiyana Volkova, professeure avide de succès.
Biopic parfois trop dense, Joika gagnerait à être épuré pour embrasser davantage sa volonté de raconter le succès comme une lame, aussi brillante que tranchante. Cependant, le long-métrage propose un point de vue intéressant qui questionnera les passionnés et les novices, sur l’ambivalence de la danse classique, entre souffrance et beauté. Sans se contenter de l’intensité de ses séquences dansées, Joika expose, à travers le parcours hors du commun de Joy Womack, les enjeux complexes du ballet.