JUNIORS
Critique du film
Hugo Thomas se fit remarquer en 2017 avec Willy 1er, qu’il co-réalisa avec Marielle Gautier et les frères Boukherma. Si le duo fraternel ne tarda pas à enchaîner les projets (Teddy, L’année du requin), le (désormais) trentenaire prit davantage son temps – six ans – avant de se lancer en solo. Prenant lui aussi place dans la France rurale, Juniors souhaite raconter la vie de cette jeunesse des campagnes, isolée mais ultra-connectée, et se faire l’écho de leur condition.
Tout commence par un petit mensonge. Pour occuper le temps, Jordan demande à Patrick de lui faire un rafraîchissement capillaire mais un accident de tondeuse le contraint à se raser la tête. Lors d’une partie en ligne, plusieurs abonnés coréens qui suivaient les deux ados dans leurs aventures vidéoludiques s’inquiètent de la santé du garçon, interprétant son crâne chauve comme le signe d’une pathologie grave. Alors que leur chère PS4, affectueusement renommée Jessica, rend l’âme, Jordan et son meilleur copain Patrick sont abattus. Leurs espoirs reposent sur le professeur de techno du village qui les réduit rapidement à néant. C’est alors que leur vient cette idée : pourquoi ne pas ouvrir une cagnotte, vidéo à l’appui, pour faire appel à la charité des autres en capitalisant sur ce prétendu cancer ? Ainsi, ils pourront peut-être s’offrir la Playstation 5 qui les fait tant rêver.
Petits mensonges entre amis
Le plan parfait ? Absolument pas. Inconscients, les deux collégiens n’avaient pas imaginé une seule seconde que leur cagnotte serait rapidement remarquée et qu’un véritable élan de solidarité et de soutien se mettrait en place au collège. Les garçons se retrouvent prisonniers du cercle vicieux du mensonge et, alors que de nombreux privilèges leur sont désormais accordés, doivent désormais trouver comment profiter de la situation tout en protégeant leur terrible secret.
Si Juniors réussit assez bien à mettre en lumière le poids des conventions et des injonctions de ce microcosme adolescent, on regrette de cette comédie cède trop souvent à la facilité en alignant les lieux communs sur la ruralité et l’adolescence. Pas forcément dopé par sa mise en scène téléfilmesque et une direction d’acteurs (majoritairement débutants) pas toujours à la hauteur, ce teen movie gentiment transgressif survole malheureusement la dramaturgie de ses personnages, à grands coups de rebondissements expédiés ou tirés par les cheveux. On regrettera enfin que la relation mère-fils soit traitée par dessus la jambe, cantonnée à un simple ressort scénaristique pour conduire à son épilogue trop facile, offrant tout de même une paire de jolies scènes avec Vanessa Paradis.
Bande-annonce
26 juillet 2023 – De Hugo P. Thomas, avec Vanessa Paradis, Ewan Bourdelles, Noah Zandouche
