JURASSIC WORLD : FALLEN KINGDOM
Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit le parc à thème et complexe de luxe Jurassic World. Isla Nublar a été abandonnée par les humains alors que les dinosaures survivants sont livrés à eux-mêmes dans la jungle. Lorsque le volcan inactif de l’île commence à rugir, Owen et Claire s’organisent pour sauver les dinosaures restants de l’extinction. Owen se fait un devoir de retrouver Blue, son principal raptor qui a disparu dans la nature, alors que Claire, qui a maintenant un véritable respect pour ces créatures, s’en fait une mission. Arrivant sur l’île instable alors que la lave commence à pleuvoir, leur expédition découvre une conspiration qui pourrait ramener toute notre planète à un ordre périlleux jamais vu depuis la préhistoire.
Petit Dino au milieu des ruines
Après L’orphelinat, The impossible et Quelques minutes après minuit, Juan Antonio Bayona se retrouve à la tête du nouveau chapitre de la saga rebootée après le score très impressionnant du premier (plus d’1,6 milliard de dollars de recette) qui ne cassait pourtant pas trois pattes à un dino (bipède). Les studios ont donc remis ça, avec Jeff Goldblum en guest mais sans Omar Sy, en optant pour le réalisateur espagnol pour succéder à Colin Trevorrow et mettre la barre un peu plus haut après un premier opus médiocre, abusant du fan-service pour masquer son criant manque de personnalité et de consistance.
Malheureusement, cette suite ne fait que confirmer le sentiment antérieur d’une nouvelle trilogie uniquement conçue autour d’un cahier des charges et un planning précis. Certes, on perçoit parfois quelques louables intentions de loucher sur les très bons choix de la trilogie rebootée de La planète des singes, mais Trevorrow et Connolly font preuve d’autant de finesse dans l’écriture qu’un T-Rex déchaîné dans une boutique de souvenirs. Ne cherchez pas la subtilité, ne cherchez pas l’audace, n’attendez pas une intrigue qui prend le temps et réinvente les codes de la saga. Jurassic world ne réussit rien de tout cela et mise tout sur le grand spectacle, à coups d’éruption volcanique bien WTF – qui a validé un projet à plusieurs milliards sur une île avec un volcan actif ?) – et de ventes aux enchères de dinos collection printemps-été 2018.
À de rares occasions, on trouve quelques traces de la patte de Juan Antonio Bayona dans la mise en scène, offrant quelques belles images de cinéma. Mais celle-ci est majoritairement éclipsée par des dialogues imbéciles (dignes des pires Marvel), débités par une distribution en-dessous de tout. Si Chris Pratt fait comme d’habitude du Chris Pratt (se la jouer cool et bad-ass tout en donnant l’impression de n’en avoir rien à cirer), Bryce Dallas-Howard réussit à être encore plus mauvaise que d’ordinaire, surjouant l’incrédulité, la peur et la colère à la moindre occasion. Il est bien loin le temps où Sam Neill était capable de traduire, d’un simple retrait de lunettes, toute la sidération d’une rencontre avec un dinosaure.
À la place, il faut se coltiner une comédienne calamiteuse qui serait tout juste apte à tourner des spots publicitaires pour des détergents sans son patronyme-sésame. Oui, c’est un peu gratuit. Mais après deux heures à la voir ouvrir la bouche comme une carpe, vous validerez.
I’m Blue, da ba dee da ba daa
En délocalisant son action dans une immense demeure, Fallen Kingdom se condamne tout seul à une aventure sans ampleur, incapable de trouver le ton juste dans sa partie « huis-clos », préférant quelques rebondissements grotesques. Si quelques mécanismes scénaristiques sont introduits pour donner le change, ce n’est que pour les bazarder ultérieurement d’un revers de la main. Les thématiques écologiques et les arguments de bioéthique, quant à eux, saupoudrent assez grossièrement ce Jurassic World dénué de prise dramatique, la faute à des personnages bien stéréotypés comme Hollywood en produit à la pelle chaque année. Au milieu des ruines, on ne se préoccuperait presque que du sort de ce pauvre Blue, trop bien pour cette ère du million de dollars.
Bien que moins raté que son aîné, ce 2e chapitre feignant l’évolution se traîne au contraire une production primitive. Torché à la hâte pour respecter le calendrier, Jurassic World : Fallen Kingdom se révèle aussi bordélique et absurde que périmé avant l’heure. Comme bon nombre de producteurs de ces dernières années, permettons-nous également de ressasser : à cette version (complètement) bêta, préférez encore et toujours la version originelle.
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