JUSQU’À LA GARDE
Le couple Besson divorce. Pour protéger son fils d’un père qu’elle accuse de violences, Miriam en demande la garde exclusive. La juge en charge du dossier accorde une garde partagée au père qu’elle considère bafoué. Pris en otage entre ses parents, Julien va tout faire pour empêcher que le pire n’arrive.
Legrand coup de maître.
Divorce sous tension dans le film de Xavier Legrand Jusqu’à la garde, récompensé (à juste titre) du Lion d’argent du meilleur réalisateur lors de la dernière Mostra de Venise. Rarement le sujet de la violence conjugale aura été abordée avec autant d’éloquence, de justesse et d’économie de moyens.
Refusant le sensationnel, Legrand raconte cette séparation difficile avec un sens de la suggestion épatant. Tout ce que son film raconte se voit ou se devine, ne prenant pas toujours le spectateur par la main. Pour son premier long-métrage, il impressionne par sa maitrise et la pertinence de ses choix de mise en scène et d’écriture, et dirige d’une main (déjà!) experte ses comédiens, tous éblouissants et parfaitement castés. Denis Menochet, éternel second rôle dans de nombreux bons films, trouve ici un rôle à sa carrure, nous gratifiant d’une prestation XXL qui ne devrait pas être oubliée des César 2019. Mais Lea Drucker et surtout Thomas Gioria ne sont pas en reste. Ce dernier, du haut de sa dizaine d’années, crève l’écran dans la peau de cet enfant malmené entre deux parents tourmentés, nous épargnant le cabotinage habituel des enfants acteurs.
Si Jusqu’à la garde se distingue du drama commun que nous sert régulièrement le cinéma français, c’est qu’il a l’intelligence de s’affranchir des conventions du film de société, préférant l’épure et la suggestion, jusqu’à son dernier quart d’heure asphyxiant et surpuissant, ne laissant place qu’au silence et au terrassement. Pour son premier essai, Xavier Legrand réussit un coup de maître et frappe fort, très fort. Une déflagration dans le paysage cinématographique français.
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