L’HOMME QUI VOULÛT ÊTRE ROI
Les Indes, fin XIXe. Peachy Carnahan et Daniel Dravot, anciens sergents de l’empire britannique et francs-maçons, se lient d’amitié avec un autre frère trois points, le journaliste Rudyard Kipling. Mi-idéalistes, mi-escrocs et toujours prêts de se fourrer dans un guêpier, les deux compères en mal d’action ont décidé de réaliser l’inimaginable : rejoindre le Kafiristan, où nul autre occidental n’a osé pénétrer depuis Alexandre le Grand, et devenir souverains de cette contrée mythique. Un terrible périple s’annonce, parsemé de pièges et de rites ancestraux… Et, qui sait, la fortune et la gloire au-delà de leurs plus belles espérances…
Critique du film
John Huston avait découvert Rudyard Kipling durant son enfance et il le considérait comme l’un des plus grands conteurs. Le cinéaste souhaitait adapter cette nouvelle de Kipling depuis 1952. Au départ prévu pour Humphrey Bogart et Clark Gable, puis au fil des ans pour d’autres acteurs tels que Robert Mitchum, Marlon Brando, Richard Burton ou Cary Grant. C’est finalement Paul Newman, pressenti pour l’un des rôles et avec lequel Huston avait tourné Le Piège quelques années avant, qui souffla au réalisateur les noms de Sean Connery et de Michael Caine pour jouer les deux aventuriers. Durant plus de vingt ans, plusieurs versions du scénario virent le jour, John Huston bénéficiant du talent de Gladys Hill, une de ses plus fidèles collaboratrices.
L’Homme qui voulut être roi a la réputation d’être un des plus grands films d’aventure du cinéma. Très certainement parce que son tournage fut presque aussi épique que les péripéties des deux sergents de l’Empire Britannique. Tourné en 1975, durant les premiers succès de ce qu’on appellerait le Nouvel Hollywood, L’Homme qui voulut être roi peut être considéré comme un film hollywoodien classique plus proche des grandes épopées des années 1960. John Huston, alors âgé de 69 ans et réalisant des films depuis plus de 30 ans, n’avait que faire de la tournure que prenait alors l’industrie du cinéma où l’esprit d’aventure disparaissait au profit d’une vision plus financière et rationnalisée. Huston était un individualiste, épris de liberté mais il était aussi très attaché à certaines valeurs. Des conflits l’opposèrent à la production du film et sa réussite n’en est que plus éclatante.
Les deux personnages joués par Sean Connery et Michael Caine sont des anciens militaires accomplis mais aussi des aventuriers dans tous les sens du terme : entreprenants, courageux, mais aussi de fieffées canailles : voleurs, escrocs et imposteurs…Leur bonhommie et leur esprit de fraternité – ils sont francs-maçons et très attachés à l’esprit de leur confrérie – voilent à peine une cupidité qui pourrait les perdre s’ils ne savent pas s’arrêter à temps. Et également, un esprit raciste qui éclate dans différentes répliques, ainsi qu’un amour de la guerre, considéré « comme le plus noble des arts ». Avant un des combats, l’un des deux hommes dira d’ailleurs : « Plus c’est sanglant mieux c’est » et il est question d’apprendre aux indigènes à se battre comme des hommes civilisés. Cette violence colonialiste se fait avec pas mal d’humour et il faut tout le talent du réalisateur et de ses interprètes pour arriver à rendre ces hommes plus sympathiques que leur description ne le laisserait supposer.
Tourné au Maroc et bénéficiant de la musique de Maurice Jarre et de la photographie de Oswald Morris, rempli de paysages magnifiques et de batailles, de moments héroïques ou symboliques, L’Homme qui voulut être roi est un film sur l’amitié, l’aventure et la parole donnée, mais aussi sur l’ascension et la chute, la perte liée à la démesure ou à l’orgueil sans limites. Un film digne des plus grandes réussites de John Huston et fidèle à l’auteur de If.
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Disponible en coffret DVD et blu-ray collector chez Wild Side
Ce film ressort en vidéo le 16 décembre dans un superbe coffret combo Blu-ray / DVD avec de nombreux suppléments vidéo mais aussi un très beau livre – instructif mais aussi très esthétique – écrit par Samuel Blumenfeld, dans lequel on découvre beaucoup d’anecdotes sur la genèse et le tournage de ce film, anecdotes qui en disent beaucoup sur l’esprit de camaraderie, le respect qui régnaient entre tous ces artistes et qui rendent hommage au très grand metteur-en-scène aventurier qu’était John Huston.
Détail des suppléments :
-Quand l’aventure tutoie les sommets (45 minutes) : Entretien avec Angela Allen, scripte attitrée de Huston (Exclusif Blu-Ray)
-Loin d’Hollywood : John Huston roi du Kafiristan (17 minutes) : entretien avec le cinéaste Jean_Jacques Annaud (Exclusif Blu-Ray)
-John, Sean & Michael (21 minutes) : Jean-Jacques Annaud évoques ces 3 légendes (Exclusif Blu-Ray)
-La Cité magique (12 minutes) : Making-of d’époque
-Le gentil géant (8 minutes) : entretien avec Danny Huston, fils du réalisateur
Un livre écrit spécialement par Samuel Blumenfeld et illustré de photos et d’archives rares