LA DARONNE
Patience Portefeux est interprète judiciaire franco-arabe, spécialisée dans les écoutes téléphoniques pour la brigade des Stups. Lors d’une enquête, elle découvre que l’un des trafiquants n’est autre que le fils de l’infirmière dévouée qui s’occupe de sa mère. Elle décide alors de le couvrir et se retrouve à la tête d’un immense trafic ; cette nouvelle venue dans le milieu du deal est surnommée par ses collègues policiers « La Daronne ».
Critique du film
Dans cette comédie qui n’en est pas vraiment une – puisqu’elle abordera tout aussi bien les inégalités sociales (chères au cinéma français) et les dramas familiaux (chers aussi au cinéma français) – Jean-Paul Salomé filme Isabelle Huppert comme s’il n’y avait personne d’autre autour. Au fond, il a raison. Puisque La Daronne respire et pulse uniquement au rythme de cette actrice hors norme, qui agace et fascine en même temps, dans la peau de Patience Portefeux, interprète judiciaire en manque de sensation forte.
La galérance
Malheureusement, on ne retirera pas grand chose de ce jeu du chat et de la souris, qui tente vainement de construire son suspense sur l’identité secrète de cette femme au sein de la brigade des Stups. N’est pas Walter White qui veut : celle qui se fait appeler « La Daronne » n’en fait pas assez pour qu’on y croit vraiment. Peu de péripéties excitantes, de densité émotionnelle pour éprouver de l’empathie en son égard, de moments de bravoure pour nous persuader que oui, on a bel et bien affaire à une « daronne » de la drogue. Reste cette quête sous-jacente de liberté, tant recherchée par la protagoniste, piégée par son amant un peu collant (Hippolyte Gigardot) et une mère malade et intrépide (Liliane Rovère). Alors oui, difficile d’y croire. Encore plus lorsqu’il s’agit d’écouter Huppert déployer son accent arabe, aussi aiguisé qu’un couteau à sushi. Tout de suite grillée.
Bande-annonce
9 septembre 2020 – De Jean-Paul Salomé, avec Isabelle Huppert, Hippolyte Girardot