FLAMME VERTE (LA) 02

LA FLAMME VERTE

Nardaneh est destinée à être mariée avec un homme mort. Un jour, elle se perd dans un désert et se retrouve enfermée à l’intérieur d’une forteresse dépourvue de porte. Elle parvient à pénétrer dans une chambre où repose le corps inerte d’un homme, son futur époux, qui ressuscitera si quelqu’un lit le livre posé à son chevet, pendant sept nuits et sept jours. Nardaneh entreprend la lecture, ce qui l’entraîne à travers l’histoire de l’Iran, depuis l’Empire arsacide jusqu’à l’époque moderne, en explorant la mythologie iranienne et le mysticisme persan. Le septième jour ne se déroule pas comme prévu : l’arrivée d’une servante provoque des conflits et modifie ainsi le cours du destin de Nardaneh…

Critique du film

En 2021, nous avions pu voir L’Echiquier du vent du cinéaste iranien Mohammad Reza Aslani, film tourné en 1976 et resté inédit en France jusqu’à la distribution de cette œuvre par Carlotta Films – et une sortie vidéo quelques mois plus tard. Œuvre fascinante, mélange de suprême élégance et de cruauté raffinée, L’Echiquier du vent prouvait qu’on peut encore exhumer des trésors cinématographiques qui semblaient voués à l’oubli et constater comme le dit Martin Scorsese que « nous pouvons considérer Aslani comme une nouvelle voix dans le cinéma nous appelant depuis le passé ». Aussi, la perspective de découvrir un autre long-métrage du réalisateur d’un tel chef d’œuvre pouvait provoquer à la fois une attente exigeante et la peur d’être déçu. 

La Flamme verte, tourné en 2008, répond parfaitement aux espoirs de voir une histoire aussi riche formellement et aussi superbement écrite que l’était L’Echiquier du vent. On est ici face à une sorte de conte, tiré à la fois d’une fable iranienne, de plusieurs passages d’un recueil poétique et de réflexions philosophiques. On navigue entre plusieurs époques, peut-être même entre différents niveaux de réalité. Le vieil homme a-t-il rêvé qu’il devenait gouverneur ? À quelle époque vivent réellement les personnages ? L’existence ne serait-elle finalement qu’un songe, parfois idyllique, parfois cauchemardesque ?

Brassant des thèmes comme le pouvoir, la vérité et le mensonge, les croyances et superstitions, La Flamme verte navigue entre tradition et modernité. D’une beauté formelle inouïe, le film déploie une histoire teintée d’onirisme et de mysticisme qui invite à s’abandonner. Il faut laisser de côté son esprit trop cartésien, accepter de ne pas forcément tout comprendre à cette intrigue labyrinthique et se laisser porter par la splendeur des images, la musique envoûtante. La mise en scène majestueuse, la beauté des mouvements de caméra, les mélopées hypnotiques et enivrantes, tout cela est au service d’un récit sur l’illusion existentielle, l’intemporalité des grandes vérités de la vie et de la mort. On trouve dans La Flamme verte des scènes magnifiques, stupéfiantes comme celle des aveugles, celle de ces images de chevaux qui se cabrent ou les lentes déambulations dans le mystérieux palais. 

Après le choc esthétique de la découverte de L’Echiquier du vent, voici donc un autre trésor de Mohammad Reza Aslani, un film passionnant par la forme et le fond, une œuvre d’une grande richesse qu’une seule vision ne semble pouvoir épuiser. 


Film inédit en France, La Flamme peut être découvert en salles dès le 27 mars, distribué par Carlotta Films