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LA NUIT SE TRAÎNE

Ce soir-là, Mady, étudiant le jour et serrurier la nuit, voit sa vie basculer quand il ouvre la mauvaise porte et devient accidentellement complice d’une affaire de grand banditisme. Au cœur d’une ville en pleine ébullition, Mady n’a qu’une nuit pour se tirer d’affaires et retrouver la trace de Claire, celle qui a trahi sa confiance. Le compte à rebours est lancé…

Critique du film

Premier long-métrage de Michiel Blanchart, cinéaste remarqué par le court-métrage fantastique T’es morte Hélène, La Nuit Se Traîne annonce une prémisse fort emballante : alors que des manifestations contre les violences policières ont lieu, un jeune serrurier doit s’échapper d’un engrenage criminel dans une course contre-la-montre dans les rues nocturnes de Bruxelles. Un point de départ intéressant qui souhaite transposer en Belgique ce que l’on peut voir régulièrement dans les productions espagnoles, comme celles de Rodrigo Sorogoyen par exemple. Malheureusement la gestion magistrale du suspense du cinéaste ibérique.

Le principal souci faisant que la nuit se « traîne » réellement, c’est la confusion que Blanchart fait entre efficacité et performance. La montée en puissance, nécessaire au déroulé efficace d’une intrigue opposant une personne innocente devant s’affirmer face à une société lui étant hostile (qu’elle soit policière, criminelle ou les deux), est à peine effleuré au profit d’une tendance à l’accomplissement violent. Dès lors que les ennuis commencent pour Mady (Jonathan Feltre), durant une scène de combat sanguinolente face à un néo-nazi, le point culminant de cette violence semble déjà avoir été atteint dès le départ. On assiste, pour le reste du film, à une succession de scènes de plus en plus violentes dont on peut se demander s’il n’est juste une question de performance et de citations (After Hours, Collateral, L’Impasse pour le final) que celui de raconter un récit politique. Alors que quelque chose aurait pu être plus approfondi par sa durée dans l’analogie que Blanchiart fait du milieu de la pègre et celui d’un milieu autoritaire qui abuse de son pouvoir, la toile de fond politique du film (qui évoque les violences policières et le mouvement Black Lives Matter) est alors réduite à n’être qu’un rouage dans la mécanique du thriller et cela jusqu’à sa conclusion.

Bénéficiant d’une impeccable photographie de Sylvestre Vanoorenberghe pour capturer l’ambiance nocturne bruxelloise, le film frappe plus notre rétine que notre attention. La quête de la prouesse cinématographique, alignant scènes d’actions fortes, évocation politique et références célébrées, finit par vite lasser et nous laisse avec l’amertume de voir un potentiel fort prometteur s’envoler sous nos yeux.

Bande-annonce

28 août 2024 – De Michiel Blanchart, avec Jonathan FeltreNatacha KriefJonas Bloquet