LA RÉSIDENCE
Madame Fourneau dirige d’une main de fer un internat pour jeunes filles. Très possessive avec Luis, son fils de 16 ans, elle lui interdit toute rencontre féminine jusqu’à ce qu’elle lui présente un jour l’épouse qu’elle aura choisie pour lui.
Critique du film
Narciso Ibanez Serrador, personnalité aux multiples talents – acteur à ses débuts, mais aussi scénariste et réalisateur – a beaucoup œuvré pour la télévision espagnole. Né à Montevideo, cet artiste uruguayen a grandi dans le monde du théâtre – son était père metteur-en-scène et sa mère comédienne – avant de travailler dans ce même milieu comme comédien et metteur-en-scène à son tour, puis s’est fait connaître par une série de réalisations télévisuelles, dont une série horrifique. La Résidence, son premier long-métrage pour le cinéma, date de 1969, mais sa notoriété en France vient également de son film Les Révoltés de l’An 2000, tourné en 1976 et qui a acquis avec les années un statut de classique du film d’horreur.
Film espagnol mais tourné en langue anglaise, La Résidence prend place dans la France du XIXème siècle au sein d’un pensionnat pour jeunes filles dirigé d’une main de fer par une directrice interprétée par l’actrice allemande Lilli Palmer. Cette dernière peut compter sur la complicité malveillante, voire sadique, d’une des pensionnaires, Irène, obéissante jusqu’à la soumission et toujours prête à participer aux châtiments corporels qui ont cours dans l’établissement. Teresa, une nouvelle venue dans cette institution qui a pour vocation de faire de ces jeunes femmes de parfaites maîtresses de maison à l’ancienne – c’est-à-dire ni plus, ni moins que des domestiques corvéables à merci capables de satisfaire leurs époux sur tous les plans – , découvre alors très vite qu’une étrange atmosphère délétère règne dans ces lieux.
La Résidence constitue un très intéressant mélange de genres, croisement d’horreur gothique à la Hammer et de giallo avec le slasher et des thèmes comme celui du refoulement sexuel et des pulsions sadiques. La directrice semble entretenir des rapports incestueux avec son fils. Elle se montre anormalement possessive et jalouse de son adolescent et ne supporte pas l’idée qu’il puisse entrer en contact avec les pensionnaires. L’ambiance qui règne dans ce pensionnat apparaît très vite toxique et apte à réveiller les instincts dominateurs et cruels de certaines internes. Face à l’oppression et à la tyrannie exercée par la directrice du pensionnat, toutes les réactions existent : rébellion, solidarité ou soumission et collaboration.
Avec ses très beaux décors et costumes, son histoire classique et sa mise en scène relativement sobre, La Résidence est une très belle réussite plastique et une œuvre qui envoûte par ses aspects vénéneux. La réalisation ne recherche pas les effets chocs, mais se veut discrète. La force du film vient de la recherche d’une certaine vérité psychologique, dans la description des différents caractères et de certains rebondissements. Il s’agit d’un long-métrage qui plaira aux amateurs d’épouvante, mais pas seulement. Il se dégage de La Résidence un parfum parfois légèrement suranné qui, loin de le dévaluer, en fait tout le charme.
Edité par Sidonis Calysta, La Résidence est disponible en Blu-Ray depuis le 11 avril, accompagné d’un livret de 52 pages, écrit par Marc Toullec et une présentation du film en supplément.
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