featured_Lamour-ouf

L’AMOUR OUF

Les années 80, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traine. Et puis leurs destins se croisent et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur…

Critique du film

Acteur populaire dans l’hexagone, Gilles Lellouche avait agréablement surpris avec sa 2e réalisation, Le grand bain, qui lui avait offert un succès public et critique, propulsé par son casting éclectique et populaire et une sensibilité qu’on ne lui devinait pas forcément. Avec L’amour ouf, il concrétise un projet qu’il portait depuis plus de quinze ans et se voit offrir un budget conséquent pour se faire (près de 40 millions d’euros, sans compter la promotion), ainsi qu’une distribution all-stars très alléchante.

Production ambitieuse en ce sens, mais aussi parce qu’elle se targue de mêler le polar d’action et la romance passionnelle, ce nouvel effort déborde d’un enthousiasme évident, mais souffre aussi d’une auto-satisfaction rapidement épuisante. Très préoccupé par sa forme et sa bande-son pop-rock, L’amour ouf cherche à donner de la consistance à une trame très classique, ampoulée par une écriture archétypale et prévisible au possible.

L’autre souci majeur de L’amour ouf se trouve dans sa manière ringarde et franchement problématique de mettre en scène une histoire d’amour dévorante qui tente de cautionner l’injustifiable, comme si l’auteur était fasciné par la violence et les relations toxiques. Le mélodrame amoureux ne convainc jamais, malgré la qualité d’interprétation de Mallory Wanecque et de son jeune partenaire à l’écran. Dès lors, comment s’accrocher à une telle romance qui s’étalerait sur plusieurs années et entretiendrait la soi-disant fascination des jeunes femmes pour les petits voyous ?

L'amour ouf

Outre sa réalisation très appuyée, qui semble constamment chercher l’esbroufe plutôt que la simplicité, sa bande-originale vampirise chaque scène et confère à L’amour ouf une dimension très artificielle proprement irritante. Que dire enfin de la longueur du film, qui traduit l’incapacité de son auteur à faire des choix (il était encore en montage quelques jours avant la sortie du film en salle) et à trouver le bon rythme pour un récit qui s’étire interminablement et se termine étrangement, par quelques punchlines bien senties et une résolution facile et précipitée ?

Une immense sensation de gâchis domine à l’issue du visionnage, tant le potentiel des talents présents à l’écran ne parait pas avoir été exploité. Seul-e-s Adèle Exarchopoulos, Mallory Wanecque et Alain Chabat tirent leur épingle du jeu, pour offrir à L’amour ouf ses (trop) rares moments d’émotion, étrangement dénués d’effets de mise en scène ou de surlignage musical.

Bande-annonce

16 octobre 2024 – De Gilles Lellouche

Avec François Civil, Adèle Exarchopoulos et Mallory Wanecque.


Cannes 2024 – Compétition officielle