LANGUE ÉTRANGÈRE
Fanny a 17 ans et elle se cherche encore. Timide et sensible, elle peine à se faire des amis de son âge. Lorsqu’elle part en Allemagne pour un séjour linguistique, elle rencontre sa correspondante Lena, une adolescente qui rêve de s’engager politiquement. Fanny est troublée. Pour plaire à Lena, elle est prête à tout.
Critique du film
Récompensée en 2014 de la Caméra d’or pour Party girl, co-réalisé à trois, Claire Burger a effectué le grand saut du premier long-métrage en solo avec le très réussi C’est ça l’amour, parvenu en 2019 dans nos salles hexagonales. Langue étrangère, son deuxième film aux manettes, confirme une auteure capable d’explorer bien des horizons. S’inspirant de son propre vécu, elle qui a grandi près de la frontière franco-allemande, la cinéaste raconte la rencontre entre deux jeunes adolescentes, Fanny vivant à Strasbourg et Lena, résidente de Leipzig qui l’accueille un peu contre son gré, sous l’impulsion de sa mère.
Les premières images révèlent d’emblée les présences magnétiques de Lilith Grasmug (Fanny) et Nina Hoss (Lena), dont on regrette déjà qu’elles ne figurent pas dans la shortlist des nommées au César de la révélation de l’année. La première incarne une jeune femme introvertie, pleine d’insécurités et de complexes, qui ne tardera pas à prendre conscience que sa correspondante de circonstances n’a pas forcément une situation familiale bien plus enviable. Après un rejet initial, un rapprochement s’exerce entre les deux adolescentes quand Lena, moins farouche qu’elle ne pouvait le croire, recueille ses confidences et commence à s’intéresser à elle.
Entre non-dits, faux-semblants et besoin d’attention mutuelle, Fanny et Lena s’imaginent un monde plus juste, dévoilent leurs colères, leurs blessures et leurs frustrations, avant de découvrir de nouveaux désirs l’une pour l’autre. Claire Burger filme ces doutes et ses premiers émois avec poésie et une belle sensualité, laissant nos deux héroïnes à un avenir indéfini au moment du générique.
Pour sa 2e réalisation, Claire Burger signe un très beau récit initiatique sur la découverte de soi, de ses désirs et de comment l’on se ment parfois autant à soi-même qu’aux autres afin d’exister. Empli d’une fureur de vivre autant que de désespoir, Langue étrangère raconte cette jeunesse en quête de sens et de matière, au-delà des mensonges et des faux alibis. Une jeunesse féminine qui ne refuse de se soumettre et d’accepter l’état des choses à l’aube de leur entrée dans la vie d’adulte. Comme un trait d’union, certes un brin audacieux, avec une autre oeuvre phare de 2024, le puissant Les graines du figuier sauvage.
Bande-annonce
11 septembre 2024 – De Claire Burger, avec Lilith Grasmug, Josefa Heinsius, Chiara Mastroianni.