L’ARME À GAUCHE
Aux Caraïbes, un navigateur français est engagé pour l’expertise d’un bateau. Celui-ci disparaît mystérieusement. Sa propriétaire, une riche veuve américaine, le charge alors de le retrouver.
Critique du film
Après l’accueil très froid réservé à Classe tous risques, son précédent film sorti en 1960, Claude Sautet se consacre quelques années à une activité de scénariste et dialoguiste, avant d’accepter en 1964 de réaliser un film d’aventures tiré d’un roman de Charles Williams. Et il retrouve, à cette occasion, Lino Ventura pour L’Arme à gauche, en 1965. Sur une trame de départ assez simple, Sautet réussit là encore un très bon film de genre, doté d’une mise en scène sobre, qui ne sacrifie jamais au spectaculaire et qui respecte totalement l’intelligence du spectateur, sa capacité à comprendre l’intrigue sans que soit souligné tel aspect de l’histoire ou qu’une ellipse soit explicitée.
La première partie joue beaucoup sur l’exotisme des Caraïbes avec la présence de la musique et de très belles femmes derrière lesquelles le personnage de Lino Ventura aime à se retourner. Lino Ventura joue le rôle d’un homme qui est marin, mais pas forcément un professionnel de l’aventure. Il s’agit d’un héros crédible, car vulnérable : on le trompe, le manipule peut-être. Il ne joue pas les gros bras, mais compte davantage sur un moment d’inattention ou de faiblesse de ses adversaires que sur sa propre force de frappe.
La seconde partie du film, peut-être encore plus réussie, car plus originale, consiste en un huis clos sur le bateau, avec la menace qui plane en permanence. Malgré la mer, les horizons lointains, c’est l’idée d’enfermement qui domine avec la sensation d’être oppressé, acculé, condamné. Les scènes d’action sont crédibles, les affrontements physiques abrupts et filmés avec une sècheresse qui renvoie à ce film noir américain que Claude Sautet appréciait tant dès sa jeunesse.
Avec sa bande-son signé Eddie Barclay et Michel Colombier, sa superbe photographie en noir et blanc et sa mise en scène discrète, sobre mais déjà assurée, L’Arme à gauche s’avère être un excellent divertissement, même si, là-aussi Sautet connut un nouvel échec au moment de sa sortie.