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LE COMTE DE MONTE-CRISTO

Victime d’un complot, le jeune Edmond Dantès est arrêté le jour de son mariage pour un crime qu’il n’a pas commis. Après quatorze ans de détention au château d’If, il parvient à s’évader. Devenu immensément riche, il revient sous l’identité du comte de Monte-Cristo pour se venger des trois hommes qui l’ont trahi.

CRITIQUE DU FILM

Dans le “Alexandre Dumas Universe”, après Les Trois Mousquetaires, voici Le Comte de Monte-Cristo. Cette version 2024 de l’un des romans les plus célèbres de l’illustre écrivain français arrive après les deux films sur D’Artagnan et Milady, sortis l’année précédente. Dans une sorte de continuité stylistique, on retrouve pratiquement les mêmes équipes que pour le diptyque sur les mousquetaires. Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière reprennent leur casquette de scénaristes et y ajoutent cette fois celle de réalisateurs. À leurs côtés, une bonne partie de l’équipe technique a également repris du service, qu’il s’agisse du Chef Opérateur (Nicolas Bolduc), du Chef Décorateur (Stéphane Taillasson), du Chef Costumier (Thierry Delettre) ou de la Cheffe Monteuse (Célia Lafitedupont). Derrière tout ce petit monde, la production est, elle, toujours assurée par la société Chapter 2 de Dimitri Rassam, associée avec le groupe Pathé.

Cette continuité n’est pas fortuite et contribue à unifier ces projets dans l’esprit des spectateurs, ce qui a pour avantage d’attirer ceux ayant été conquis par Les Trois Mousquetaires, mais aussi pour inconvénient de rajouter une pression supplémentaire, dès lors que les deux films de Bourboulon ont connu un succès relatif. Car avec un budget encore une fois conséquent (supérieur à 40 millions d’euros), le film se place d’emblée dans la catégorie des blockbusters à la française, et va devoir convaincre le public de se déplacer en nombre pour que l’entreprise s’avère rentable. Difficile de dire si Le Comte de Monte Cristo fera plus d’entrées que les Mousquetaires, mais on peut dores et déjà affirmer sans mal que le résultat artistique est plusieurs crans au-dessus. 

Comte de Monte Cristo

Il n’est pas aisé d’adapter un roman aussi riche en personnages et rebondissements que Le Comte de Monte-Cristo, qui plus est lorsque celui-ci a déjà fait l’objet de plus d’une vingtaine d’adaptations au cinéma, et peut-être autant à la télévision. Il faut donc saluer le travail des scénaristes-réalisateurs qui sont parvenus à rester fidèle à l’esprit de l’œuvre de Dumas, malgré les libertés qu’ils se sont autorisées. On leur pardonne aisément d’avoir sacrifié plusieurs pans de l’imposante histoire pour garder un  rythme cohérent. Ainsi disparaissent plusieurs personnages, pourtant essentiels au récit d’origine. S’il s’agit sans doute là d’un des prix à payer pour une telle entreprise, on a cependant un peu de mal à comprendre pourquoi ils ont alors estimé nécessaire d’en créer de nouveaux, comme par exemple avec le personnage d’Angèle au coeur du complot bonapartiste, en lieu et place d’un autre personnage à la fonction identique dans le roman.

LE PREMIER VENGEUR MASQUÉ

Mais, et c’est peut-être le plus important, ces coupes et ces remaniements combinés avec un montage judicieux font que, malgré ses 2h40, on ne s’ennuie pas devant cette nouvelle mouture. Certes, on en attendait pas moins d’un film tiré du chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas et mixant brillamment les genres entre aventure et romance, trahison et vengeance. Cette quête de vengeance est d’ailleurs bien évidemment le cœur vibrant du film, représentant à elle seule facilement les deux tiers du long-métrage. Bien sûr, nous aurions aimé en voir davantage de la prison du Château d’If et de l’amitié entre Dantès et l’Abbé Faria. De même pour les années qui suivent l’évasion, la découverte du trésor et la naissance du Comte de Monté-Cristo. Les deux metteurs en scène font le choix de nous plonger rapidement dans les rouages de la vengeance orchestrée par Dantès. Un parti-pris judicieux et payant tant il est satisfaisant d’observer les pièges se refermer les uns après les autres sur les traîtres responsables de son malheur.

Comte de Monte Cristo

Pour interpréter le romanesque Edmond Dantès, l’équipe de production s’est tournée vers une figure en vogue en la personne de Pierre Niney. Le comédien confirme pour l’occasion sa nouvelle stature d’acteur bankable et se retrouve ainsi pour la première fois à la tête d’une énorme machine. Une consécration méritée tant il se montre à la hauteur de la tâche, même si une dimension physique un peu plus poussée n’aurait pas été pour nous déplaire. À ses côtés, dans les rôles des antagonistes et conspirationnistes, on retrouve Bastien Bouillon, Patrick Mille et Laurent Lafitte, truculents de fourberie tous les trois, et Anaïs Demoustier dans celui de l’amour perdu du héros, toujours aussi juste et nous fera regretter que sa présence à l’image ne soit pas plus importante. Enfin, mention spéciale pour Anamaria Vartolomeï dont la prestation envoûtante vole les scènes auxquelles elle participe.

Si le duo Delaporte – De La Patellière a un goût un peu trop prononcé pour les effets de styles et les ralentis tapageurs, il nous offre un spectacle soigné et ambitieux soulignant parfaitement le travail remarquable de leurs collaborateurs artistiques et de leurs comédiens. Les décors comme les costumes sont superbes et témoignent de l’ampleur de la reconstitution. Comme on le dit fréquemment pour ce type de projet : l’argent se voit à l’image ! Seul le duel à l’épée clôturant le film s’avère en deçà du reste, tant au niveau visuel que scénaristique, puisque celui-ci était absent du livre, Dumas ayant choisi une conclusion autrement plus symbolique.

Après la déception des Trois Mousquetaires, ce Comte de Monte-Cristo était attendu au tournant. Le résultat s’avère une jolie surprise et rappelle qu’il est tout à fait possible en France de sortir une grosse production alliant ambitions artistiques et économiques. Lors de l’annonce du film, le Président de Pathé, Ardavan Safaee, avait oser tracer un pont entre ce projet et les films de super-héros à la Marvel, faisant du Comte de Monte-Cristo “un vengeur masqué, une histoire de trahison et de rédemption impossible”. Espérons que le film de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière trouve son public et contribue à faire rayonner une fois de plus le génie d’Alexandre Dumas. 

BANDE-ANNONCE

28 juin 2024 – De Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière




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