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LE PROCÈS DU CHIEN

Avril, avocate abonnée aux causes perdues, s’est fait une promesse : sa prochaine affaire, elle la gagne ! Mais lorsque Dariuch, client aussi désespéré que sa cause, lui demande de défendre son fidèle compagnon Cosmos, les convictions d’Avril reprennent le dessus. Commence alors un procès aussi inattendu qu’agité : le procès du chien.

Critique du film 

Cette année, c’est le très attachant Kodi qui a remporté la Palm Dog, succédant ainsi à l’inoubliable Messi d’Anatomie d’une chute. Depuis 2001, ce trophée récompense la meilleure performance canine dans l’un des films de la sélection officielle du Festival de Cannes. Si le « meilleur ami de l’Homme » mérite bien sa place parmi les stars, qu’en est-il dans la justice ? Dans son premier long-métrage en tant que réalisatrice, Laetitia Dosch appelle un chien à la barre. Présenté en compétition du Champs-Élysées Film Festival, Le procès du chien questionne nos paradoxes à travers une fable absurde et touchante

S’ouvrant sur des images aux couleurs acidulées et la voix-off de la cinéaste, Le procès du chien nous plonge dans une sorte de réalité alternative, où l’extravagance, la bizarrerie et la violence semblent exacerbées. Nous sommes en Suisse, un pays réputé sans histoires, pourtant Avril, la narratrice du récit, précise que les passions peuvent aussi s’y déchaîner. Au début de l’histoire, l’avocate incarnée par Laetitia Dosch est confrontée à un patron abusif et imbuvable (le très convaincant Pierre Deladonchamps) qui exige qu’elle cesse d’accepter de défendre les causes perdues. Mais lorsqu’elle rencontre Dariuch (François Damiens, hilarant) et son chien Cosmos, accusé de multiples morsures, elle ne peut s’empêcher de les aider. S’ensuit une série de rebondissements rocambolesques : l’affaire Cosmos va agiter tout le pays, servant de tribune autant aux défenseurs des droits des animaux qu’à une caricature très à propos de l’extrême droite, présentant le chien comme un symbole de l’insécurité menaçante. 

Profondément burlesque, le long-métrage charme par sa générosité. Que ce soit dans l’enchaînement des rebondissements, dans les comportements des personnages haut-en-couleurs ou dans les thématiques abordées, l’accumulation est de mise. Le procès du chien aborde bien sûr le statut juridique des animaux, mais nous parle aussi de violences domestiques, de harcèlement ou encore de notre rapport au vivant. À la manière d’un conte philosophique, le film explore des interrogations profondément actuelles. Doit-il y avoir une hiérarchie de valeur entre les vies humaines et animales ? En tant qu’être humain, avons-nous le droit de condamner un animal à mort ? Et plus largement, dans le contexte judiciaire, qu’attend-on des accusés et des victimes ? 

Laetitia Dosch réussit le pari d’une comédie surprenante, à l’excentricité pleinement assumée. Ce cocktail insolite de gags absurdes est agrémenté d’une tendresse déroutante incarnée bien sûr par Kodi, le chien, mais aussi par Jean-Pascal Zadi. Ajoutons-y nos larmes de rire (et de peine) pour témoigner de l’enthousiasme avec lequel nous attendons le prochain projet de Laetitia Dosch. 


Champs-Elysées Film Festival – Cannes 2024




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