LE RITUEL
Un groupe d’amis se réunit pour une randonnée en forêt, mais une présence menaçante s’y cache et les suis…
Les bois dans la cabane.
Horreur, Ajouts récents, Netflix. Il faudrait être stupide, écouter Coldplay ou avoir 14 ans pour être candide au point de ne pas avoir le poignet qui tremble en tenant la télécommande, prêt à appuyer sur ‘Lecture’ en lançant un film transversal de ces trois catégories. Surtout un film d’horreur qui s’appelle Le Rituel, écrit en police maxi-écartée comme Bayrou du pouvoir, avec une vignette « bois brumeux » qu’on a déjà vue cent fois. Et pourtant, 1h30 et quelques de canapé-plaid-nuit-veilleuse plus tard (comment regarder autrement un film d’horreur sur Netflix ?), les symptômes habituels sont absents. Pas de furieuse envie d’abandonner son abonnement ; pas d’yeux roulés, pas de crise de fou rire, pas de regrets éternels. Juste la sensation d’un film d’horreur honnête : et l’âme reposée de ne pas avoir été flouée.
Après tout, pourquoi avait-on si peur de ne pas avoir peur ? En tête d’affiche, Rafe Spall pouvait rassurer, si ce n’est par la constance de sa filmographie, au moins par sa capacité individuelle. Autour de lui, pas mal de discrets (Arsher Ali, Robert James-Collier, Sam Troughton), mais derrière la caméra, David Bruckner, responsable de segments des heureuses anthologies V/H/S et Southbound. Plutôt que la sempiternelle bande de jeunes écervelés, voilà des trentenaires en pleine crise d’amitié avec au centre des hantises, la mort tragique d’un de leur pote. Après une exposition efficace, les personnalités sont reconnues, les enjeux et les métaphores identifiés, et le spectateur marche sur un sentier, au départ, balisé.
Enfermés dehors
Quitte à être perdus dans des bois hantés, choisissons-en de jolis : direction la Suède pour une mise en scène sans folklore local, mais avec de gros morceaux de meubles IKEA bruts. Comme dans chacune de leur vie respective, les gus prennent un raccourci à la moindre difficulté : et dans la vie comme dans les films, les raccourcis, on s’y pète souvent les dents. Trêve d’analogies douteuses et de ton léger désormais. Dans un premier vrai moment d’angoisse, dans le genre de ceux qui sont si déterminants, David Bruckner la joue finement : pas de sur-monstre, ni de jumpscare idiot, ni de crissement de porc irritant. Juste un jeu du chat et de la souris basé sur ce presque rien : regarder ou non l’horreur dans les yeux. En déléguant cette responsabilité du spectateur à ses personnages, Le Rituel agrandit l’échelle de ses enjeux juste assez pour que chacun y retrouve un peu d’un vice si commun et pourtant si profondément enfoui derrière les cultes modernes de l’image et de l’irréprochabilité : la lâcheté.
Au delà d’à peu près tout, c’est de démission lente, d’abandon mou, d’yeux détournés et de culpabilité féroce dont il est question dans Le Rituel. Peut être un peu emprisonné par son titre, peut être un peu emprisonné par les codes de son genre et sa volonté (comment blâmer ceci ?) de frapper de terreur les esprits, on pourrait reprocher au film un dernier acte dont les références visuelles et la mythologie collent assez peu à sa ligne directrice. M’enfin, rien de quoi faire écrouler une petite cahute en bois érigée avec honnêteté par Bruckner : entre ses murs, une claustrophobie bien sentie, quelques imageries intestinales réussies, des personnages pas neu-neu, détestables par leurs bassesses mais pas dénués d’empathie malgré tout. Encore une preuve que l’horreur a besoin d’une belle plume avant de bons maquilleurs, et vous voilà comblés pendant 94 minutes. Et après ? Après, il n’y a plus qu’à se refarcir une bonne dizaine d’épouvante idiote avant de retomber sur une pépite. Damnés sommes-nous.
La fiche
Hideux à lire cet article, vraiment
Ah bah bravo, je lis ça un lundi matin, super pour commencer la semaine. Moral dans les chaussettes ! Je vous remercie pas !
Adaptation du livre « The Ritual » de Adam Nevill…
Moi je trouve que vous faite un très bon travail:)