LE SUCCESSEUR
Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père.
Critique du film
En 2017, Xavier Legrand avait réalisé l’impressionnant Jusqu’à la garde, film multirécompensé qui développait le sujet de la violence conjugale avec beaucoup de force et d’acuité. Six ans après, Xavier Legrand signe une œuvre traitant également de la violence, mais avec un décor autre et une intrigue très différente. Adapté du roman d’Alexandre Postel, L’Ascendant, Le successeur nous présente Ellias, joué avec beaucoup de sensibilité par Marc-André Grondin, directeur artistique d’une maison de couture française. Le film débute d’ailleurs par un défilé de mode, prenant la forme d’une spirale, filmée en plongée et avec une distance qui évoquerait presque la vision d’un entomologiste. Le malaise est palpable dès le départ. Il se dégage rapidement quelque chose de toxique et de dérangeant, de déstabilisant.
Ellias, qui pense souffrir de problèmes cardiaques, comme son père dont il apprend le décès imminent, est surtout atteint de crises d’angoisses qui viennent accentuer son asthme et le rendre terrifiant. Lorsqu’il apprend que son père est mort d’une crise cardiaque, Ellias est contraint de se rendre au Québec, où vivait celui avec lequel il n’avait plus de contact. Il faut régler les obsèques et la succession. Mais en découvrant le domicile que son père occupait, Ellias sera confronté à la part d’ombre de son géniteur, une violence indicible et peut-être atavique.
Le Successeur joue avec les nerfs des spectateurs en passant habilement d’un genre à l’autre : étude psychologique, thriller à la lisière du film d’horreur. Particulièrement oppressant, offrant des rebondissements inattendus et une ambiance très éprouvante, le film de Xavier Legrand fait l’effet d’un électrochoc qui joue aussi avec les ellipses et ne sous-estime jamais l’intelligence du spectateur. On a ici une intrigue qui pose les questions de la filiation, de la violence et du secret, mais aussi du destin. Le Successeur doit autant au roman noir qu’à la tragédie grecque et renvoie un reflet de l’humanité dans ce qu’elle peut avoir de plus terrible. Une oeuvre d’une noirceur absolue.
Réalisé par Xavier Legrand – Avec Marc-André Grondin, Yves Jacques, Anne-Elisabeth Bossé
