LE TESTAMENT CACHÉ
Du fond de son hôpital psychiatrique retiré, Roseanne McNulty raconte à son psychologue l’histoire de sa vie, dont les drames et les accidents l’ont conduit là où elle vit désormais.
Comme dans des chaussons.
Plus de vingt ans après The Boxer, et après des incursions plus ou moins réussies au sein de la culture américaine (In America et Brothers pour les plus, Get Rich or Die Tryin’ et Dream House pour les moins), le cinéaste Jim Sheridan retrouve son Irlande natale pour les besoins de Le Testament caché, adaptation éponyme du roman de Sebastian Barry. Mais il ne retrouve malheureusement pas l’inspiration à laquelle on pouvait s’attendre.
On nage ici en terrain (trop) connu, où il est question d’amours contrariés sur fond de seconde guerre mondiale, de journal intime secret, de méchants très méchants et de société corsetée par de strictes conventions religieuses. Rien de réellement novateur dans tout ça, si ce n’est son casting hétéroclite mêlant grande comédienne so british (impériale Vanessa Redgrave), jeune actrice américaine qui monte (Rooney Mara, qui a été dénicher son accent irlandais parmi ses lointaines origines familiales) et action-man venu d’Australie (Eric Bana, qui semble faire un gros dodo tout le long du film).
Le problème est que Sheridan, usant d’une mise en scène bien trop sage, peine à faire décoller un tant soit peu ce récit balisé par toutes les étapes auxquelles on pouvait s’attendre, jusqu’à une révélation finale que seuls les mal-voyants n’auront pas vu venir au bout de dix minutes. En soi, le film se suit sans déplaisir en cochant toutes les cases du mélodrame historique classique. On y est comme dans des chaussons confortables, c’est propre, rien ne dépasse, et l’atmosphère typiquement irlandaise est toujours agréable, même sous la pluie.
Mais le film se suit sans passion non plus, et c’est bien dommage car Sheridan nous avait habitués par le passé à filmer des tragédies humaines en y injectant tout son cœur et ses talents de conteur. Il suffit de voir ou de revoir My Left Foot et Au nom du Père pour s’en persuader. Il manquait donc peut-être à ce Testament caché quelqu’un de la trempe de Daniel Day-Lewis pour donner corps à son récit ; mais on reconnait que ce n’est pas le genre de comédiens que l’on trouve à chaque coin de rue de Dublin…
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