LE THÉORÈME DE MARGUERITE
L’avenir de Marguerite, brillante élève en Mathématiques à l’ENS, semble tout tracé. Seule fille de sa promo, elle termine une thèse qu’elle doit exposer devant un parterre de chercheurs. Le jour J, une erreur bouscule toutes ses certitudes et l’édifice s’effondre. Marguerite décide de tout quitter pour tout recommencer.
CRITIQUE DU FILM
Les mathématiques vous rebutent et la simple évocation d’un “théorème” vous évoque de mauvais souvenirs ? Pas de panique, vous ne trouverez pas de réminiscences de vos années collège dans Le Théorème de Marguerite. D’abord parce que, contrairement à celui de Pythagore, vous n’aurez pas à l’apprendre par cœur, mais surtout parce que le long-métrage se déroule au sein de la prestigieuse École Normale Supérieure, à Paris. Présenté en séance spéciale au Festival de Cannes, mais aussi en avant-première au Festival du Film Francophone d’Angoulême, le nouveau film d’Anna Novion (Les Grandes Personnes, Rendez-vous à Kiruna) met en scène le parcours d’une jeune chercheuse à l’ENS, entre détermination, orgueil et résilience.
Mathématicienne en chaussons
L’actrice Ella Rumpf (découverte au cinéma dans Grave de Julia Ducournau) interprète la brillante Marguerite. Lorsqu’on fait sa connaissance au début du film, elle donne une interview pour le journal de l’école, avec sérieux et un soupçon d’angoisse, puis déambule dans les couloirs de l’ENS, affublée d’une paire de chaussons. Si, au premier abord, Marguerite ne semble laisser aucune émotion entraver son dévouement pour les mathématiques, elle demeure un personnage complexe qui défie les clichés. Au fur et à mesure du film, Marguerite continue d’affirmer sa détermination dans tous les domaines de sa vie.
Lorsqu’elle commet une erreur au moment de présenter sa thèse, son monde s’effondre : son directeur de recherche (Jean-Pierre Darroussin) lui annonce qu’elle doit changer de sujet et qu’il ne peut plus l’accompagner. Le monde des mathématiques étant sa maison, Marguerite se retrouve démunie. Pourtant, elle ne se laisse pas aller une seule seconde et décide de commencer une nouvelle vie. Confrontée à un univers qui n’est pas le sien, elle va trouver un nouvel équilibre entre sa relation avec sa colocataire, son emploi alimentaire et sa passion naissante pour le Mah-jong. Dans ce nouveau quotidien, il va être intéressant et parfois amusant d’observer comment Marguerite utilise sa logique implacable pour résoudre n’importe quel problème. Lorsqu’elle se questionne sur son plaisir sexuel, par exemple, elle va tout simplement aborder un homme dans la rue, de manière frontale.
Cette nouvelle vie, dans laquelle Marguerite prend des risques, ose suivre ses envies et son instinct, ne tarde pas à la ramener vers son rêve de toujours : démontrer la conjecture de Goldbach, une énigme mathématique qui demeure non résolue à ce jour.
Doctorante de cinéma
Pour mettre en scène l’univers des mathématiques au cinéma, Anna Novion a travaillé en étroite collaboration avec Ariane Mézard. Cette dernière a développé la thèse du personnage de Marguerite pour le film et s’est également chargée de garantir l’authenticité de toutes les équations qui apparaissent à l’image. Ella Rumpf, Jean-Pierre Darroussin et Julien Frison, les acteurs du film, ont collaboré avec Ariane Mézard et ses élèves pour apprendre les formules mathématiques et tenter de comprendre la passion de la recherche.
Pour conférer un pouvoir visuel et cinématographique aux mathématiques, Anna Novion accentue leur dimension créative et obsessionnelle. Lorsqu’elle replonge à corps perdu dans ses recherches, Marguerite peint les murs de son appartement pour les transformer en tableaux noirs, qu’elle remplit frénétiquement de calculs interminables. Verra-t-elle l’aboutissement de ses travaux ? Nous vous laissons le plaisir de le découvrir par vous-même, sachant qu’une histoire d’amour (un peu trop édulcorée à notre goût), viendra s’ajouter à l’équation.
En somme, Le Théorème de Marguerite parvient à rendre l’univers des mathématiques assez fascinant pour les néophytes. On s’attache volontiers à Marguerite, personnage aussi inspirant que subversif, dont la trajectoire pose de multiples questions sur la relation entre recherche, talent, quête de gloire et de reconnaissance.
Bande-annonce
1er novembre 2023 – De Anna Novion, avec Ella Rumpf, Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau
