LES AMOURS D’ANAÏS
Critique du film
Après leur première collaboration pour le court-métrage Pauline asservie, Charline Bourgeois-Tacquet et Anaïs Demoustier se retrouvent pour un long-métrage, le premier de la réalisatrice, qui a les honneurs d’une présentation cannoise à la Semaine de la Critique, en séance spéciale du 60e anniversaire de la sélection.
Cette comédie romantique et existentielle pourrait être le penchant solaire du magnifique Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, qui se déroulerait entre Paris et la Bretagne au lieu de la capitale norvégienne. Le film de Bourgeois-Taquet suit également une jeune femme dans sa trentaine qui peine à se « poser », tant dans sa vie personnelle – elle s’épanche sur ses difficultés vis à vis de la vie commune et ne cache pas à son compagnon du moment son non-désir d’être mère – que professionnelle, ne sachant pas encore à quelle vocation se consacrer. Elle tarde à conclure sa thèse en lettres, se retrouve avec deux mois de loyer en retard, et répond aux avances d’un homme beaucoup plus âgé qu’elle pour finalement se lasser assez rapidement et jeter son dévolu sur… son épouse, campée par Valeria Bruni Tedeschi – qui livre une nouvelle belle prestation après celle assez géniale dans La fracture de Catherine Corsini, en compétition officielle.
Nommé Les amours d’Anaïs, le long-métrage ne raconte pas tant les errances sentimentales de la parisienne indomptable que son besoin de croquer la vie à pleines dents, quitte, parfois, à noyer les autres sous son débit de parole ou à s’éloigner de ce qui pourrait potentiellement lui apporter du chagrin. Bien sûr, ses liaisons avec l’homme (Podalydès) puis la femme (Bruni Tedeschi) dévoilent une volonté de prendre son destin amoureux en mains, mais elle se lassera bien vite du premier pour courtiser la seconde, avant de se casser les dents face à la réalité d’un destin à deux qui ne semble pouvoir se dessiner concrètement.
Si Les amours d’Anaïs profite particulièrement de l’énergie de sa comédienne principale, la lumineuse et – ici – volubile Anaïs Demoustier, ce premier film ne parvient malheureusement pas à convaincre totalement, alternant le bon (toute la phase de séduction entre elle et Emilie) et le moins réussi. Reste un premier essai rafraîchissant, porté par une partition légère, la belle alchimie entre ses deux comédiennes principales et quelques rires provoqués par l’attachante maladresse de Denis Podalydès.
Bande-annonce
15 septembre 2021 – De Charline Bourgeois-Tacquet, avec Anaïs Demoustier, Valeria Bruni Tedeschi, Denis Podalydès
Séance Spéciale – Semaine de la Critique
