LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT
Daphné, enceinte de trois mois, est en vacances à la campagne avec son compagnon François. Il doit s’absenter pour son travail et elle se retrouve seule pour accueillir Maxime, son cousin qu’elle n’avait jamais rencontré. Pendant quatre jours, tandis qu’ils attendent le retour de François, Daphné et Maxime font petit à petit connaissance et se confient des récits de plus en plus intimes sur leurs histoires d’amour présentes et passées…
Critique du film
Dans son nouveau long-métrage, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, Emmanuel Mouret confronte les paroles de ses personnages à leurs actes. Parce que dans sa nouvelle déambulation romantique, le réalisateur et scénariste s’amuse de l’écart qu’il y a souvent chez l’humain entre ce qu’il affiche fièrement comme principes et ses actions, il se réjouit en observant l’homme (et la femme) dans toute sa contradiction, avec une délicieuse ironie.
Imaginée comme une ode à notre inconstance, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait prend en défaut nos incohérences quand les sentiments viennent mettre en péril nos positionnements idéologiques. Avec la malice et la finesse qu’on lui connait, il suit le parcours de Maxime et Daphné, deux amis de circonstance qui se racontent, à tour de rôle, à l’occasion d’un séjour amical initié par François, cousin de Maxime et compagnon de Daphné. Il insuffle, comme à son habitude, la touche de romanesque supplémentaire qui rend ces récits amoureux plus troublants, plus beaux encore.
Les jeux de l’amour et du hasard
Rien n’est certain avec l’amour. Nourrir des sentiments pour la petite amie de son pote, découvrir une attirance non préméditée envers la compagne d’un proche, tromper son épouse pour une femme plus jeune, ne pas avoir oublié un amour de jeunesse… Le romantisme rend l’interdit encore plus fort, décuplant les sentiments, quand la retenue ou le scrupule les exacerbe, créant cette dramaturgie lancinante des amours impossibles.
À l’écran, l’alchimie entre les différents partenaires de jeu est miraculeuse. Niels Schneider apporte sa réserve et sa sensibilité, Vincent Macaigne son attachante maladresse et Emilie Dequenne sa grâce et sa douceur. Camelia Jordana, vénéneuse dans La nuit venue, livre ici l’une de ses plus belles prestations, fragile et touchante, au cœur de cette valse amoureuse poignante.
La complexité de l’être, du désir et des sentiments. Avec Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait, Emmanuel Mouret atteint le sommet de son art dans son évocation sentimentale plurielle. Des instants de grâce et des envolées lyriques qui envoûtent, une sophistication du verbe savoureuse et une distribution remarquable… C’est tout simplement magnifique.
Bande-annonce
16 septembre 2020 – De Emmanuel Mouret, avec Camélia Jordana, Niels Schneider, Vincent Macaigne