LES ENFANTS DU TEMPS
Jeune lycéen, Hodaka fuit son île pour rejoindre Tokyo. Sans argent ni emploi, il tente de survivre dans la jungle urbaine et trouve un poste dans une revue dédiée au paranormal. Un phénomène météorologique extrême touche alors le Japon, exposé à de constantes pluies. Hodaka est dépêché pour enquêter sur l’existence de prêtresses du temps. Peu convaincu par cette légende, il change soudainement d’avis lorsqu’il croise la jeune Hina…
Critique du film
« Faire la pluie et le beau temps » est une expression française permettant de décrire quelqu’un qui prend toutes les décisions, qui aurait tous les pouvoirs. Loin de décrire l’héroïne du nouveau film d’animation du réalisateur et scénariste japonais Makoto Shinkai, cette métaphore est à entendre dans son sens le plus littéral.
En effet, Hina, jeune orpheline, sait faire temporairement venir le soleil alors que la pluie ne cesse de tomber sur Tokyo. Elle est ce que la légende nippone appelle « une fille du soleil ». Enquêter sur les légendes urbaines, c’est justement le petit boulot qu’exerce Hodaka, adolescent en fugue loin de son île natale et en recherche d’argent facile et d’épanouissement personnel au milieu des tours de la capitale. Mais, bien au-delà d’une association lucrative entre ces deux êtres à peine sortis de l’enfance, c’est bien une histoire d’amour, la première de toute une vie, que nous raconte la star de l’animé japonais depuis le succès critique et public de Your name.
Depuis Miyazaki, le savoir-faire des studios japonais n’est plus à démontrer, et cela bien au-delà des frontières asiatiques. Visuellement, Shinkai n’a rien à envier à son maître. On n’avait pas vu une animation aussi expressive et nuancée de la lumière et de l’eau depuis les pluies printanières de Bambi et les cours d’eau du Voyage d’Arlo. L’émotion naît instantanément si bien qu’on voudrait qu’il pleuve pendant les deux heures que dure le film. Mais contrairement au père de Chihiro et de Kiki la petite sorcière qui sait retranscrire toute la poésie du merveilleux, Shinkai éblouit quand il dessine le Tokyo de 2020 avec toutes ses technologies qui font battre le cœur de cette métropole. On le sent moins inspiré quand il s’agit d’illustrer la magie d’Hina ainsi que le monde du ciel.
Dès lors, on peut regretter que le scénario ne parvienne pas à servir une telle qualité d’animation. D’une part, on peut déplorer un problème de rythme. Si le film sait nous plonger dans sa narration très rapidement grâce à l’attachante maladresse d’Hodaka, il peine à se terminer, d’autant plus que l’issue de l’intrigue amoureuse reste très classique et vient bien trop longtemps après l’issue du suspens autour des pouvoirs d’Hina. D’ailleurs, on ne profite pas assez de cette capacité surnaturelle à faire apparaître le soleil ; le tout est quasiment balayé au moyen d’un moment musical pop. D’autre part, Shinkai n’exploite pas assez ses personnages secondaires sans en faire jamais autre chose que des adjuvants ou des opposants à la quête d’amour de notre Roméo de l’Extrême-Orient. On s’attarde à peine au potentiel du petit frère d’Hina ou encore de Natsumi, dont l’aspect comique fait également naître des soleils dans la vie de nos héros.
Les enfants du temps dont on préférera largement la traduction anglophone Weathering with You, est un éblouissement visuel à ne pas louper mais une histoire d’amour pour adolescents plus anecdotique.
Martin D.
Bande-annonce
8 janvier 2020 – Réalisé par Makoto Shinkai