LES MÉCHANTS
Après avoir volé une console de jeux vidéos à des migrants, Sébastien tente de la revendre à Patrick, un gentil. Jusqu’ici, rien de bien méchant. Mais quand un rappeur tout juste sorti de prison, une présentatrice de télévision prête à tout pour faire le buzz et des trafiquants de clics s’en mêlent… Patrick et Sébastien deviennent les Méchants les plus recherchés de France.
Critique du film
Souvent, quand la télévision française se mêle du grand écran, on bascule davantage vers le pire que le meilleur. Les plus coriaces des aficionados de la comédie française auront en tête le passage ciné du duo Éric et Quentin avec Bad Buzz en 2017 ou de la réalisation de Michel Denisot avec Toute ressemblance… . C’est justement un autre membre phare du groupe Canal qui s’aventure dans les salles obscures aujourd’hui. Mouloud Achour, porte-parole d’une mouvance geek et jeune au sein de l’empire Bolloré, se lance dans la réalisation cinématographique et, avec Dominique Baumard, signe Les Méchants : une satire sur la sur-médiatisation, bien plus inoffensive que son titre l’indique…
Les Méchants partait d’une bonne idée. À une époque où la circulation des images se perpétue à une vitesse folle, un film qui raconte comment deux bras cassés deviennent médiatiquement les ennemis publics de la France aurait pu faire des étincelles. D’autant que, biberonné à la pop-culture et conscient de l’actualité médiatique, Achour aurait pu apporter un regard intelligent et pertinent au sujet. Hélas, il suffit de voir le logo Canal + et un carton introductif se moquant de la Cancel Culture et de l’écriture inclusive pour comprendre que Les Méchants ne dézingue pas tout à fait le système comme il le prétend.
Mauvaise clique
On le sent devant le casting et l’ambiance qui a régné lors de l’avant-première lilloise : Les Méchants n’est au final qu’un délire entre potes où se côtoient Romain Frayssinet, Djimo, Kyan Khojandi, Ludivine Sagnier, Marwa Loud et Anthony Bajon. Des potes qui vont se lâcher dans des vannes souvent vulgaires, parfois offensantes. Ne se prenant pas au sérieux, cette comédie oscille entre références à la pop-culture (une Boule de Cristal de Dragon Ball sert de MacGuffin à l’intrigue) et successions de sketchs. Le film ne dépasse jamais le stade de délire fourre-tout qui va se servir d’un message contre le sensationnalisme et la montée de l’intolérance comme caution à un festival d’offenses ordinaires usées pour combattre la prétendue Cancel Culture.
À une époque où le groupe Canal étend un conservatisme extrême dans ses programmes, ses chaînes et ses stations de radio, Les Méchants semble bien hypocrite et sert la soupe via une satire qui n’égratigne personne de puissant au final.