LES PROFESSIONNELS
En 1917, quatre mercenaires sont recrutés par un riche magnat du pétrole texan pour retrouver et libérer la femme de ce dernier. La femme aurait été enlevée par Jesus Raza, bandit mexicain qu’ont bien connu deux des mercenaires pour avoir participé avec lui à la révolution aux côtés de Pancho Villa. Les quatre hommes vont devoir affronter une véritable armée de 150 hommes et élaborer un plan pour sauver la captive.
Carré d’as
Tourné par Richard Brooks en 1966, entre un extraordinaire film d’aventures (Lord Jim d’après Joseph Conrad, avec Peter O’Toole) et une adaptation de Truman Capote (De sang froid), Les Professionnels est un western qui entre dans le vif du sujet dès le générique (scandé par la musique trépidante de Maurice Jarre) durant lequel on fait connaissance avec les quatre personnages principaux : Henry « Rico » Fardan (Lee Marvin) est un spécialiste des armes automatiques, Hans Ehrengard (Robert Ryan), un éleveur des chevaux prêt à faire le coup de poing si on maltraite un animal, Jacob « Jake » Sharp (Woody Strode), un chasseur de primes à la musculature impressionnante et Bill Dolwroth, un aventurier porté sur la bagatelle.
Le film décrit à la fois une opération de sauvetage dangereuse, quasi-militaire, menée de main de maître par des spécialistes, et les interrogations de ces aventuriers sur le bien-fondé de leur mission. Leur vision de la situation va en effet évoluer au cours de leur périple et des rebondissements qui parsèment le scénario.
Les professionnels comporte de nombreux atouts : de magnifiques décors naturels (le tournage a eu lieu dans le désert mexicain) mis en valeur par la photographie de Conrad Hall, de très belles scènes d’action (l’attaque du camp de Raza), un casting prestigieux (outre les quatre acteurs déjà cités, le film réunit Jack Palance, dans le rôle de Raza, Claudia Cardinale dans celui de la captive et Ralph Bellamy joue le mari de celle-ci, le riche homme d‘affaires texan). Il offre aussi de très beaux dialogues, parfois plein d’humour avec les personnages joués par Burt Lancaster et Marie Gomez (Chiquita, la rebelle qui ne dit jamais non à l’amour) ou le fameux monologue de Raza sur la révolution.
Il s’agit véritablement d’un western moderne (tout comme Vera Cruz ou plus tard La horde sauvage), qui tourne le dos à toute forme de manichéisme et qui offre une vision désenchantée du monde tout en exaltant les valeurs humanistes chères à Richard Brooks. Les héros comme le personnage de Lee Marvin sont désabusés mais continuent à se comporter avec une forme de droiture, d’honnêteté. Le respect de la valeur donnée, la recherche d’une certaine vérité et le refus de se laisser corrompre sont des moteurs pour les héros de ce film.
Les Professionnels remporta un grand succès commercial à sa sortie et fut plusieurs fois nominé aux Oscar et aux Golden Globe 1967, mais il semble qu’il est de nos jours moins connu du grand public que bon nombre de westerns classiques. C’est d‘autant plus regrettable qu’il s’agit d’un film d’aventures, très bien écrit et formellement réussi, ainsi que d’un divertissement adulte par les thèmes développés et leur traitement.