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LES SECRETS DE DUMBLEDORE

Le professeur Albus Dumbledore sait que le puissant mage noir Gellert Grindelwald cherche à prendre le contrôle du monde des sorciers. Incapable de l’empêcher d’agir seul, il sollicite le magizoologiste Norbert Dragonneau pour qu’il réunisse des sorciers, des sorcières et un boulanger moldu au sein d’une équipe intrépide. Leur mission des plus périlleuses les amènera à affronter des animaux, anciens et nouveaux, et les disciples de plus en plus nombreux de Grindelwald. Pourtant, dès lors que que les enjeux sont aussi élevés, Dumbledore pourra-t-il encore rester longtemps dans l’ombre ?

Critique du film

On en faisant le constat dès le second volet, Les crimes de Grindelwald. La saga spin-off de J. K. Rowling peine toujours à trouver sa légitimité, se contentant au final de n’être qu’une extension « bonus » de l’univers Potterien taillée pour les fans hardcore, sans véritable valeur ajoutée. Ce troisième volet, vendu autour de l’affrontement entre Albus Dumbledore (incarné avec sobriété et flegme par Jude Law) et Gellert Grindelwald (dont le rôle est repris par Mads Mikkelsen), entérine ces réserves et s’embourbe continuellement dans une quête d’équilibre vaine entre tragique et comédie burlesque.

Clairement, ce troisième chapitre poursuit ce qu’avait laissé poindre le précédent, insistant sur son imagerie fasciste et proposant un premier quart d’heure qui ne lésine pas sur la noirceur et la cruauté. Le choix de remplacer Johnny Depp par Mads Mikkelsen s’impose rapidement comme gagnant tant le comédien danois investit avec le talent qu’on lui connait le rôle du sorcier suprémaciste. Bien plus sobre que son prédécesseur, il apporte un charisme et une profondeur bienvenus à un personnage qui nécessitait indéniablement plus d’ambivalence pour incarner celui qui fut l’ami et compagnon du grand Albus Dumbledore avant que leurs chemins ne s’éloignent du fait de leurs divergences quant au sort des Moldus.

Car Les Animaux Fantastiques : Les secrets de Dumbledore vise à explorer davantage ce que les romans de J. K. Rowling ne suggéraient qu’à demi-mots. Le plus grand sorcier de la saga, grisé par sa quête de pouvoir dans son adolescence, a perdu énormément en route, jusqu’à (presque) se compromettre et négliger les siens. On le savait, il avait déjà perdu une soeur – et le film lève le voile sur la malédiction qui l’a emportée -, était en froid avec son frère Abelforth et entretenait des liens intimes avec Grindelwald, au point que l’auteure elle-même avait du confirmer explicitement ce qui transparaissait entre les lignes : Dumbledore et Grindelwald se sont aimés. Au point de sceller un pacte de sang, voeu de loyauté qui sera le fil rouge du film – et unique véritable élément d’intrigue un brin intéressant.

Les secrets de Dumbledore

Malheureusement, Les secrets de Dumbledore se retrouve enfermé dans son besoin de justifier les cinq chapitres programmés avec l’exploration de l’univers des créatures fantastiques et de trop nombreuses storylines superflues visant à donner corps aux seconds rôles imaginés par l’auteure, quitte à bâcler le personnage de Creedance (au centre des deux premiers volets) et éclipser celui de Tina. En cherchant à contrebalancer la noirceur du récit romantique et politique pour rester « tous publics », le film s’égare trop souvent sur le terrain comique, donnant l’impression de continuellement souffler le chaud et le froid. Quel public ce 3e volet vise-t-il finalement ? Jouant la carte humoristique et la mièvrerie d’un côté, cherchant à montrer les muscles lors des séquences spectaculaires, le film ne trouve jamais véritablement son tempo et semble naviguer à vue en cherchant vainement sa direction, pas vraiment aidé par une réalisation impersonnelle et une direction artistique paresseuse.

On retiendra alors principalement l’arc narratif autour de Jude Law, clairement l’atout numéro 1 de cette nouvelle franchise dans la peau du jeune Dumbledore, et la belle reconnaissance que celle-ci permet en assumant pleinement sa sexualité d’une manière qui, bien que n’étant pas particulièrement puissante ou percutante, a le mérite d’étoffer ce passé mystérieux qui parsemait les sept tomes littéraires. Si la révélation, explicite et bienvenue, demeure peut-être trop superficielle dans son traitement, Jude Law trouve en Mads Mikkelsen un formidable alter-égo qui devrait être la force des deux derniers épisodes grâce à la belle alchimie entre les deux interprètes.

Bande-annonce

13 avril 2022 – Avec Eddie RedmayneJude LawMads Mikkelsen